Les éléments du poste de police de Gouye Mbind, à Touba, ont procédé samedi dernier, vers 18h, à une grosse saisie d’armes à feu au quartier Madiyana de Touba.
Le présumé coupable, âgé d’environ 65 ans, a été placé en garde à vue. Une source autorisée informe que l’homme serait l’un des plus grands trafiquants d’armes de la capitale du Mouridisme. Et la police a mis la main sur un impressionnant arsenal composé de «110 armes à feu de divers calibres dont 18 Pa (pistolet automatique), 21 armes de fabrication artisanale et 71 fusils, 807 munitions dont 634 pour Pa, 53 pour Fap (fusils à pompe), 98 munitions de guerre, 16 chargeurs et 2 lunettes de tir».
Interrogé par la Gendarmerie sur son business, le trafiquant Saliou Thiam et de Cheikh Lô fait des aveux explosifs.
Selon le journal Libération repris par Emedia, Saliou Thiam, âgé de 65 ans, a été interpellé sur les armes et munitions qui étaient dans sa chambrette à Darou Khoudoss. «Des dignitaires religieux à Touba, Darou Mouhty, Dakar, Diourbel et Thiès me remettent des armes destinées à la vente ou à la réparation», a affirmé le sieur Thiam. Poursuivant, il précise que le business est un héritage reçu de son père et cité 5 autorités religieuses comme faisant partie de ses clients. «Dans le cadre de mes activités, parfois, j’achète des armes pour les revendre entre 200 mille et 300 mille francs CFA selon leur qualité. Quant à la réparation et l’entretien, les tarifs varient entre 2.000 et 5.000 francs CFA», a-t-il détaillé.
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Lorsque les enquêteurs lui demandent s’il connaît d’autres trafiquants d’armes basés à Touba, il rétorque: «je connais pas mal de trafiquants dans la ville mais je préfère taire leurs noms».
Pour sa part, son complice Cheikh Lô confesse: «Je dispose d’une attestation de détention d’arme qui était initialement un port d’arme. Ce document me permet de disposer d’une arme ainsi que de ses munitions». Cependant, les policiers ont mis la main sur plusieurs munitions de guerre cachées dans les toilettes de son domicile.
Cheikh Lo et Saliou Thiam sont à la disposition du parquet de Diourbel pour association de malfaiteurs, trafic d’armes de petite et grande catégorie.
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Cette saisie relance aussi la question du trafic d’armes au Sénégal et rappelle d’autres affaires semblables. Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2019, la Section de recherches de la Gendarmerie nationale avait saisi entre 3.900 et 4.500 cartouches d’Ak-47. Ce stock de munitions de guerre, qui était dissimulé dans un véhicule civil, a été intercepté à l’entrée de la cité religieuse de Pire ainsi que deux personnes à bord du véhicule qui transportait les armes.
Le juge d’instruction, saisi par le procureur de la République pour l’ouverture d’une information judiciaire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention d’armes en vue de la commission d’actes terroristes, avait écroué les mis en cause.
Il faut savoir que les cartouches avaient été subtilisées dans l’armurerie de la base militaire de Ouakam. Jusqu’ici, l’armée n’a ni confirmé ou infirmé ce vol incroyable.
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Dans son monitoring des violences en 2018 publié en décembre dernier, le Mouvement contre la prolifération des armes légères en Afrique de l’Ouest (MALAO) révélait que les agglomérations de Médina Gounass, Touba et Diaobé faisaient face à une importante circulation d’armes. Le document montrait que le marché «Ocass» de Touba est signalé comme un des principaux marchés d’armes connus au Sénégal où il est possible d’acheter différents types d’armes et de munitions.