Sénégal: loin des 10.000 cas officiels de Covid-19, le pays en compterait jusqu'à 50.000

Un rassemblement religieux au Sénégal

Un rassemblement religieux au Sénégal. Dr

Le 08/08/2020 à 08h20, mis à jour le 08/08/2020 à 08h42

Le coronavirus devient incontrôlable au Sénégal, à tel point que les autorités ne diraient pas aux Sénégalais toute la vérité sur la maladie. Solon le Dr Babacar Niang, directeur de Suma assistance, le pays enregistre à ce jour entre 30.000 et 50.000 cas, ce qui est loin des 10.000 cas annoncés.

La fiabilité des bilans livrés par le ministère de la Santé et de l’action sociale fait débat. Lors d’une émission sur la TFM (une chaîne de télévision privée), le Dr Babacar Niang, directeur de Suma Assistance, a révélé que le Sénégal a très largement dépassé les 10.000 cas annoncés par les autorités sanitaires. Il évalue le vrai bilan entre 30.000 et 50.000 cas sur tout le territoire national. Il a également affirmé avoir reçu des menaces, à cause de ses révélations sur la gestion du Covid-19 dans le pays.

Selon lui, la raison de tout ceci est le laisser-aller général. Les Sénégalais ne respectent plus les gestes de prévention alors que la maladie continue son chemin souvent mortel dans le pays.

Une situation à laquelle ne vont pas rester insensibles les autorités. Après les sensibilisations intempestives par divers canaux des autorités en charge de la Santé, le ministère de l’Intérieur va sévir d’une autre façon. La propagation fulgurante de la pandémie au Sénégal a poussé le ministre, Aly Ngouille Ndiaye, à annoncer dès ce vendredi des mesures draconiennes.

Ces restrictions vont concerner les espaces et lieux de rassemblements. Dorénavant, nous dit-on, les tenanciers de restaurant, les officines, ou encore les taximen vont se charger de faire respecter au moins le port de masque.

Ce seront eux qui seront sanctionnés si un client se retrouve dans les échoppes ou les moyens de transport quelconques sans masque. Les sanctions pécuniaires ne pourront être évitées par ces acteurs du secteur économique qu’en ne permettant plus aux citoyens trop peu scrupuleux d’avoir accès à leur espace de travail.

Ces sanctions visent également les lieux de culte, les plages, les salles de sport, les marchés ainsi que des évènements comme les funérailles, les baptêmes, les mariages. Des restrictions seront également appliquées dans les transports en commun. Déjà mercredi les policiers sont descendus massivement dans la rue pour faire appliquer le port du masque.

Le chef de l’Etat a quant à lui, en conseil des ministres, demandé au gouvernement de déployer "un dispositif spécial" permettant aux services de sécurité de contrôler l’accès aux lieux publics sur le territoire national, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19.

"Le président de la République, abordant l’implication des jeunes dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, leur a lancé un appel pour conforter au quotidien le plaidoyer communautaire pour l’observance généralisée des mesures barrières et le port obligatoire et systématique du masque dans les transports et les lieux recevant du public, sous peine d’amende en cas d’infraction’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.

A ce sujet, il a demandé ‘’au ministre de l’Intérieur et au ministre des Forces armées de déployer sur le terrain un dispositif spécial de régulation et de contrôle de l’accès aux plages et des rassemblements publics, sur l’étendue du territoire national".

Depuis le 2 mars, le Sénégal a dénombré 10.538 cas de Covid-19 dont 6.988 guéris, 218 décès et 3.331 patients sous traitement.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 08/08/2020 à 08h20, mis à jour le 08/08/2020 à 08h42