Les absences de Mohammed Salah et de Roberto Firmino n’ont pas empêché à l’équipe de Jürgen Klopp de réaliser l’exploit d’éliminer le FC Barcelone de Lionel Messi. Cette victoire (0-4) des Reds sur le champion d’Espagne 2018-2019, malgré leur défaite (0-3) à l’allée, a été possible grâce aux deux doublés de Divock Origi et Gorginio Wijnaldum, mais si Liverpool a eu un excellent parcours dans cette compétition, c'est en bonne partie grâce aux quatre buts marqués dans les matchs précédents.
Liverpool va discuter la finale de la Ligue des champions à Madrid contre le club anglais de Tottenham qui s’est qualifié, hier, mercredi, au dépend de l’Ajax d’Amsterdam (3-2) après avoir perdu la manche aller à Londres (0-1). Une deuxième finale pour l’international sénégalais, Sadio Mané, qui avait perdu celle de l’année dernière face au Real Madrid.
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Sadio Mané est le seul international sénégalais à avoir réussi à atteindre deux finales dans cette compétition, de rang international. Il avait malheureusement perdu la finale de l’année dernière malgré le but égalisateur qu’il avait signé face aux coéquipiers de l’international portugais, Cristiano Ronaldo.
Mané est un ancien joueur de Génération Foot, un centre de formation du FC Metz, devenu en quelques années une usine de talents.
Ismaïla Sarr, vainqueur de le coupe de France de cette année, en est un ex-pensionnaire ou encore Papis Demba Cissé, ex-détenteur du record de buts marqués en une saison dans le championnat allemand par un international africain.
Au total, une trentaine de professionnels de haut niveau ont été formé par Generation foot. Mais parmi tous ceux-ci, Mane est connu pour être singulier par sa caractère bien trempé, malgré son image de garçon sage, par sa détermination à réaliser ses ambitions, mais aussi par son attachement à ses valeurs et à son village natal, Bambaly.
Sérieux et acharné au travail
Son ancien ex-coéquipier au FC Metz, Pierre Bouby, le qualifie dans le magazine France Football, de «garçon bien élevé, très attachant».
«Il ne fallait pas se mettre en travers du chemin » de Sadio Mané.
«On sentait qu'il n'était pas là pour rigoler. Un jour, je m'étais chauffé avec lui pendant un entraînement parce qu'il ne défendait pas. J'avais vingt-huit ans, lui dix-neuf, mais il me répondait! Il a une force de caractère très prononcée, et c'est ce qui fait sa force aussi. Où qu'il soit, il s'affirme, il montre qu'il est là», poursuit Bouby.
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C'est d'ailleurs cette détermination qui l'avait poussé en 2006 à quitter son village natal, situé au fin fond de la Casamance, alors qu'il n'avait que 14 ans. Une décision prise contre l'avis de ses proches qui pensaient qu'on ne pouvait pas réussir dans le football, il avait alors fait ses valises et pris la direction de Dakar ou il avait fini par intégrer Génération Foot, fondée 4 ans plus tôt.
Son amour du travail bien fait, le poussait quelques fois à prendre des risques inconsidérés par rapport à sa santé, allant jusqu'à cacher de graves blessures.
Il lui est arrivé, au FC Metz, de souffrir en silence de fortes douleurs aux adducteurs qui l’empêchaient de se donner totalement. «J'ai mis deux mois et demi à m'en apercevoir parce qu'il ne disait rien», déclare à ce sujet Olivier Perrin dans France Football.
«Il avait une pubalgie (douleur localisée au niveau du pubis, Ndlr) d'enfer, donc on l'a opéré et ça allait beaucoup mieux par la suite...», poursuit son ancien entraineur et formateur à Génération Foot.
Après cette opération, Sadio poursuivra son ascension. En l’espace de quelques semaines seulement, il passera des U19 à l’équipe réserve, puis celle des pros.
Quand ses coéquipers dormaient encore à 6h du matin, il lui arrivait d'être déjà aux entraînements, témoignent toujours ceux qui l'on connu lors au début de sa carrière professionnelle.
C'est ce qui lui a permis d'être repéré par Red Bull Salzburg, qui a mis 6 millions d'euros sur la table, en août 2012.
Le club autrichien le voulait tellement que Mane n'a pas eu le temps de dire au-revoir à ses coéquipiers. On est presque venu le chercher dans le bus, alors qu'il devait discuter un match de National contre Quevilly, se souvient toujours Olivier Perrin. "Il n'était pas prêt du tout, il a grandi en quelques heures", confie-t-il.
L'assension sera fulgurante. Après avoir été deux fois champion d'Autriche avec Salzburg, Southampton le repère et l'achète à 23 millions d'euros, en 2014.
Puis, ce sera l'arrivée à Liverpool, ce qui le fait trôner à l'époque comme l'international africain le plus cher de l'histoire, avec 30 millions d'euros. Aujourd'hui, certains estiment que pour une centaine de millions d'euros, le club anglais ne le vendrait pas.
C'est dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts durant ces 7 ans qui séparent le Sadio Mané du club de National FC Metz de celui des Reds de Liverpool.
L’enfant de Bambaly, généreux bienfaiteur de son village
Les clubs qui l'ont recruté durant cette période ne sont pas les seuls à se frotter les mains. Son village, Bambaly, qui aurait tout donné pour le retenir dans les travaux champêtres au lieu de tenter l'avanture dans le football, se réjouit du retour de l'enfant prodigue, auréolé de ses succès.
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Alors que les enfants faisaient plusieurs kilomètres par jour pour se rendre au collège le plus proche, Bambaly possède désomais son lycée, entièrement financé par l'actuel second meilleur buteur du championnat anglais, avec 20 réalisations.
De même, la construction d'un grand centre de santé a débuté, alors que le complexe sportif promis est déjà livré. Pas plus tard qu'il y a un mois, il a également fait don d'une importante somme d'argent à l'ensemble des concessions de son village, chacune recevant entre 50.000 et 500.000 Fcfa.
Concernant le centre de santé, «nous sommes satisfaits de l’évolution des travaux après 13 mois de chantier. Tout est presque fini et je crois que cela sera une fierté et une motivation non seulement pour le village, mais pour toutes les populations de la région. Beaucoup parler, c’est bien, mais il faut réaliser, surtout au village, que les conditions de vie sont difficiles», avait dit son agent, Bjorn Bezemer dans le journal Les Echos.
Ces infrastructures lui ont valu les congratulations du président Macky Sall qui, au nom des Sénégalais, l’a remercié pour son investissement dans le développement du pays.