Les vagues d’expulsions des migrants subsahariens d’Algérie vers le Niger se poursuivent à une cadence soutenue. Le dernier refoulement massif a concerné un total de 899 migrants originaires de 16 pays africains, selon un tweet de l’ONG Alarm Phone Sahara.
Ce dernier contingent est constitué essentiellement de Guinéens (365), Maliens (301), Ivoiriens (51), Sénégalais (41), Béninois (34), Gambiens (30), Sierra Léonais (24), Nigérians (16)… Parmi les migrants en situation irrégulières expulsés figurent également des femmes, des enfants et des mineurs.
Le modus operandi des expulsions est toujours le même. Ceux-ci sont raflés dans différentes villes et régions de l’Algérie à la suite de contrôles au faciès, puis emprisonnés dans des prisons avant d’être embarqués dans des bus et emmenés à la frontière algéro-nigérienne. Ils subissent des brimades et traitement humiliants et dégradants durant leur arrestation et sont ensuite escortés par les militaires algériens dans la prison d’Adrar, puis à Tamanrasset avant d’être conduits à la frontière des deux pays. Là, et après des tirs de sommation de l’armée pour les effrayer, les migrants sont abandonnés dans le désert. Epuisés, ils doivent marcher des kilomètres pour atteindre la ville nigérienne d’Assamaka, pour ceux qui ne se perdent pas dans un désert sans repères et sans limites.
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Tout récemment, un jeune Guinéen de 15 ans, faisant partie de migrants expulsés, avait témoigné du calvaire subi durant son expulsion. «On a marché de 5h à 8h du matin. A ce moment-là, on a croisé un camion et le conducteur nous a dit qu’on n’était pas dans la bonne direction pour aller à Assamaka. On a fait un détour et on est arrivés dans cette ville à 12h. On était épuisés. Le trajet a été difficile. Parfois des gens tombaient, mais on les relevait, et on se motivait pour continuer à marcher. S’arrêter, ça voulait dire être abandonné dans le désert», relate-t-il.
Et la situation dans ce no man’s land, où le désert s’étend à l’infini pour eux, est actuellement très difficile avec des températures très basses la nuit, des nombreux migrants, ne disposant ni d’habits chauds, ni de couvertures, ni de nourriture souffrent de cette traversée du désert. Certains y perdent la vie.
Malheureusement, les expulsions de migrants se poursuivent depuis des années avec une cadence soutenue. Selon les données des Nations Unie, l’Algérie a procédé à l’expulsion de dizaine de milliers de migrants irréguliers originaires d’Afrique de l’ouest et centrale depuis 2014 vers le Niger en bafouant les règles les plus élémentaires en matière de respect des droits de l’homme. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a recensé 23.171 expulsés en 2020, 27.208 en 2021 et 14.196 durant les quatre premiers mois de 2022.
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En clair, il s’agit d’une politique d’Etat bien assumée par le régime algérien contre les ressortissants d’Afrique subsaharienne. Même les demandeurs d’asiles ou ceux relevant de la compétence du Haut Commissariat aux Réfugiés relevant de l’ONU ne sont pas épargnés par ces expulsions bafouant ainsi le principe de non-refoulement de ces personnes en vertu du droit international reconnu aux réfugiés.
Des traitements inhumains dénoncés par les ONG dont Human Rights Watch, Médecins sans frontières et des ONG algériennes ou pour ce qui en reste. Celles qui dénonçaient le plus sont aujourd’hui interdites dans ce pays. C’est le cas de Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) dissoute dernièrement et qui ne manquait pas de dénoncer les expulsions inhumaines des Subsahariens.
En conséquence, les ONG algériennes et internationales exigent que l’accord d’expulsion entre l’Algérie et le Niger, et tous les accords d’expulsion, soient tout simplement annulés. En effet, si des accords d’expulsions ont été signés avec le Niger et le Mali, cela ne devrait pas concerner les ressortissants des autres pays. A noter aussi qu’Alger a cessé d’expulser les Maliens à partir de la frontière commune des deux pays depuis que des migrants maliens expulsés dans des conditions inhumaines ont saccagé son ambassade à Bamako.