Deux «abattoirs», si l’on peut les appeler comme ça, situés dans deux communes différentes, l’un à Matoto et l’autre à Ratoma, approvisionnent Conakry en viande. Chaque matin. Mais aujourd’hui, pour les deux plus grands lieux d’abattage de la capitale, les défis différent.
À Matoto, l’abattoir pourtant vieux de plusieurs décennies est le seul à Conakry à disposer d’installations dédiées à l’abattage de bœufs, confie Bilali Sow, secrétaire général de cette structure, «le hangar, qui fait 40 mètres sur 32 mètres, a été construit par nous-mêmes, avec nos petits moyens. Le caniveau d’une longueur de 70 mètres a également à été construit par la coopérative. Avant 1996, date de création de la coopérative, c’est sur de la boue que la première vache a été abattue. Mais depuis nous avons fait du chemin».
Bilali Sow se veut rassurant sur la propriété «de rigueur et non négociables» des lieux «chaque jour après le travail, l’abattoir est nettoyé proprement. L’équipe en charge est payée chaque fin du mois.»
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Malgré les assurances du secrétaire général, le hangar qui fait office d’abattoir se fait vieux, délabré, ne disposant d’aucun équipement adapté à l’immolation des bêtes et la préparation des carcasses.
Changement de décor. À Kakimbo, il n’ay tout simplement pas de hangar. En dehors des bovins alignés sous un ciel radieux patientant à l’ombre des cimes des arbres, rien ne suggère que ce lieux sert d’abattoir. Pas de bâti, pas de robinet, pas d’eau, regrette Oumar Sylla, président des Marchands de bétails de Guinée, réunis en association, «je pense qu’il faut un forage. La demande a été formulée auprès des autorités, car c’est un terrain relevant de l’Etat. Nous attendons toujours la réponse. Notre difficulté actuellement c’est l’eau». À Kakimbo, tout se fait à l’air libre dans des conditions loin d’être hygiéniques.
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Ces bœufs viennent essentiellement du Mali. Pour faciliter l’approvisionnement de la Guinée en bovins, les responsables de ces deux abattoir se sont battus pour trouver un accord aujourd’hui vital. «Nous avons demandé qu’il y ait entre la Guinée et le Mali la libre circulation du bétail. Dieu merci, l’accord a été signé entre les deux pays» se réjouit Oumar Sylla également fier d’avoir réussi de fixer le prix d’un kilo de viande à 60.000 francs guinéens (7 dollars), un prix «accessible à tous.»
Sur ces deux sites, ce sont surtout des milliers de Guinéens qui y travaillent activement, contribuant à dynamiser l’économie locale et régionale... dans des conditions difficiles.