A Abidjan, de plus en plus des véhicules non réglementaires se faisant passer pour des taxis compteurs et exerçant en tant que tels, ont envahi la ville, menant une concurrence déloyale à ceux qui opèrent en toute légalité.
Le décret du 15 décembre visait à instaurer un cadre clair et structuré pour le transport public à Abidjan, avec un accent particulier sur les taxis compteurs. Il prévoyait, entre autres, des mesures pour réguler les véhicules autorisés à opérer en tant que taxis compteurs, garantissant ainsi une concurrence équitable et améliorant la qualité du service pour les usagers. «Rien que 10.000 taxis en circulation aujourd’hui, contre 24.000 en 2023. En une seule année, le secteur du transport par taxis compteurs a enregistré deux tiers d’abandon d’activité. Dans le même temps, le nombre de taxis illégaux est monté en flèche pour atteindre 12.500», déplore Diaby Moriféré de la mutuelle générale des chauffeurs de taxi compteur nouvelle générale.
Malgré les promesses, l’application de ce décret reste bloquée. Les chauffeurs de taxis compteurs dénoncent une prolifération de véhicules non réglementés, opérant en toute illégalité et sapant leurs revenus.
Face donc à cette situation, la coalition des structures de taxis compteurs ne compte plus rester silencieuse. Selon leurs représentants, les autorités n’ont pas pris les mesures nécessaires pour mettre en œuvre la réglementation, ce qui crée une concurrence déloyale et met en péril la survie des opérateurs légitimes.
«Nous ne pouvons plus accepter cette situation où des véhicules non conformes continuent d’opérer impunément, prenant des parts de marché qui devraient revenir aux taxis compteurs réglementés», a déclaré Koua Blaise, de l’Association des propriétaires et conducteurs de taxi compteur de Côte d’Ivoire. «Il est temps que l’État assume ses responsabilités et fasse respecter la loi, auquel cas, nous allons posez le premier pas», ajoute Konaté Sidiki, Syndicat des conducteurs professionnels de Côte d’Ivoire.
En réponse à cette inaction, la coalition a annoncé une série d’actions pour faire entendre sa voix. Parmi celles-ci, une mobilisation de grande envergure est prévue dans la capitale abidjanaise. Les membres de la coalition comptent investir les rues d’Abidjan pour traquer et signaler tout véhicule opérant illégalement comme taxi compteur. Cette initiative vise à attirer l’attention des autorités et du public sur la nécessité urgente de faire respecter la réglementation en vigueur.
«Dès ce mois de juin, nous allons investir la capitale et mener une chasse rigoureuse contre tous les véhicules qui opèrent illégalement. Notre objectif est d’amener l’État à agir et à mettre en œuvre le décret», a ajouté le porte-parole.
La coalition en appelle également aux usagers des taxis compteurs pour qu’ils soutiennent leur démarche en refusant de monter dans des véhicules non réglementés car, «cela y va de votre sécurité», Coulibaly Yacouba, Secrétaire des syndicats des chauffeurs professionnels de taxi compteur.
La situation est critique pour les chauffeurs de taxis compteurs, dont beaucoup peinent à joindre les deux bouts dans un environnement devenu de plus en plus hostile. La mise en œuvre du décret n°2021 est vue comme une bouée de sauvetage pour un secteur en difficulté, et les chauffeurs espèrent que leurs actions provoqueront une réaction rapide et décisive de la part des autorités. «Cet agissement de ces propriétaires et chauffeurs qui opèrent de cette manière frauduleuse fait perdre à l’Etat près de 10 milliards chaque année, mais encore fait perdre des milliers d’emplois aux chauffeurs de taxis compteurs», déplore Bahi Assime, prédisent de Syndicat national des chauffeurs de taxi compteur.
La fédération des structures de taxis Compteurs reste déterminée à se faire entendre. La mobilisation annoncée pourrait marquer un tournant décisif dans ce bras de fer avec les concurrents, et les jours à venir seront cruciaux pour l’avenir du transport public à Abidjan. Les regards sont désormais tournés vers les autorités, qui devront choisir entre l’inaction ou la mise en œuvre des mesures nécessaires pour réguler un secteur vital pour la capitale ivoirienne.
