Après leur lancement le 5 août 2021, les travaux sur la voie carrefour Sable-route de Dabou-boulevard Siporex ont pris fin. Ce tronçon est désormais partiellement livré à la circulation en attendant le lancement officiel par les autorités. Les travaux ont porté sur d’élargissement à 2X2 voies de cet important tronçon routier. Mais en théorie seulement. Car à y voir de plus près, l’on a l’impression que ce boulevard s’est subitement rétréci à 1X1 voie.
La raison est à chercher dans l’incivisme des usagers, notamment les chauffeurs de véhicules de transport en commun (Gbaka) qui garent n’importe comment et dans un désordre indescriptible. A , auquel il faut y ajouter les commerçants qui laissent les places dans les marchés pour s’installer sur la chaussée mettant ainsi en danger leur propre vie. Et cela s’ajoute l’insalubrité qu’ils créent.
Anarchie et incivisme au carrefour Sable-Siporex-Route de Dabou où piétons et vendeurs ambulants occupent les routes.. le360 Afrique/djidja
Taxis communaux «Woro-Woro» et minibus «Gbaka» s’arrêtent en pleine voie pour embarquer ou débarquer des passagers, ignorant les espaces prévus à cet effet. Les commerçants ambulants et ceux du marché occupent les accotements, forçant les piétons à marcher sur la chaussée, au risque de se faire heurter par les véhicules qui roulent à vive allure. Certains motocyclistes, à la recherche de raccourcis, n’hésitent pas à circuler à contresens, provoquant des situations dangereuses.
«C’est désespérant! Chaque matin, on se retrouve coincé dans des embouteillages à cause de l’indiscipline des usagers. Ce boulevard était censé nous faire gagner du temps, mais c’est tout le contraire», se plaint N’guessan Joseph, un chauffeur de Gbaka.
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Les populations quant à elles, sont partagées entre indignation et fatalisme. Pour Jean-Charle Kouassi, un résident du quartier Siporex, «les autorités ont fait un bon travail en rénovant cette route, mais les gens refusent de respecter les règles. On a besoin de plus de contrôles pour que chacun sache que la route n’est pas une jungle. On doit dégager nos mamans qui risquent au quotidien en vendant sur le boulevard. Elles s’exposent aux accidents», décrie-t-il.
D’autres usagers, notamment les commerçants qu’ils soient ambulants ou fixes pointent du doigt l’insuffisance des aménagements. «Il n’y a pas de place pour nous dans les marchés et en plus lorsque à nous sommes à l’intérieur du marché, nous perdons des clients, on est donc obligé de venir vendre sur la route malgré les dangers», estime Bakayoko Larissa, commerçante.
Les populations incriminent à la fois les usagers et les autorités locales. Si l’incivisme des conducteurs et des piétons est largement critiqué, certains estiment que la police municipale et la mairie ne jouent pas pleinement leur rôle. «Où sont les policiers pour verbaliser ces infractions? Pourquoi laisse-t-on faire?», s’interroge Kouassi Bertin, un commerçant.
Pour leur part, des acteurs du transport disent avoir pris des résolutions afin d’aider la municipalité à la tâche. «En décembre dernier, nous avons entamé une campagne de sensibilisation avant l’ouverture officielle du boulevard, mais beaucoup ne respectent pas les règles, mais vous verrez d’ici une semaine, nous mettrons des brigades sur le terrain afin d’assainir le boulevard qui a été rénové à coût de milliard», indique Sidiki Konaté, responsable des chauffeurs professionnels.
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Face à cette situation qui met en mal la fluidité de la circulation sur cet axe, certains préconisent des mesures répressives. «Il faut que les agents de la police municipale fassent leur travail en sanctionnant par des amendes dissuasives les comportements irresponsables des récalcitrants au lieu de venir encaisser 500 fcfa, 1000 fcfa au passage, tout ça encourage l’incivisme et aussi qu’on nous trouve un espace dédié pour vendre tranquillement sans convoiter la route», déplore Didier Daouda, commerçant ambulant.
Le boulevard Sable-Siporex représente un investissement considérable pour améliorer la mobilité urbaine. Cependant, pour qu’il remplisse pleinement sa mission, un effort collectif est nécessaire. Le respect des règles de circulation et une gestion stricte des incivilités apparaissent comme les seules voies pour restaurer l’ordre et garantir une circulation fluide sur cet axe stratégique.