Agriculture: en Guinée, les feuilles du manioc supplantent le tubercule

En Guinée, le manioc n'est pas seulement cultivé pour son tubercule, mais de plus en plus pour ses feuilles.

Le 05/05/2024 à 08h26

VidéoEn Guinée, le manioc était traditionnellement apprécié en raison de son tubercule. Mais au fil des années, les goûts changent, induisant d’autres façons de penser l’agriculture. La culture du manioc est de plus en plus pratiquée pour ses feuilles, qui sont utilisées dans la préparation d’une délicieuse sauce.

Nous sommes dans un vaste champ de manioc, où les plantes s’étendent à perte de vue. Cependant, ce champ présente une particularité. Contrairement à la culture traditionnelle du manioc axée sur le tubercule, les cultivateurs se concentrent principalement sur les feuilles de la plante. En effet, la valeur de ces feuilles réside dans leur utilisation pour préparer une sauce guinéenne légendaire.

Angèle Théa, une cultivatrice locale, explique: « Nous n’avons besoin que des feuilles. Certaines personnes cultivent le manioc uniquement pour son tubercule, mais nous nous concentrons sur les feuilles car nous les revendons pour subvenir à nos besoins quotidiens. Pour obtenir ce résultat, nous utilisons des engrais pour favoriser la croissance des feuilles.» Ainsi, l’utilisation d’engrais spécifiques permet d’éliminer le tubercule et de favoriser le développement d’une plante abondamment feuillue.

Cependant, les travaux nécessaires pour parvenir à ce résultat sont laborieux, surtout pendant la saison sèche. Angèle Théa souligne: «Une fois les plantes mises en terre, nous devons les arroser quotidiennement. Pendant cette saison sèche, il est nécessaire d’utiliser des engrais une seule fois et d’apporter beaucoup d’eau. C’est un travail difficile, d’autant plus que les engrais sont coûteux.»

La réussite d’une bonne culture de feuilles de manioc repose principalement sur l’utilisation adéquate des engrais, dont le coût élevé en fait un produit difficile d’accès. À quelques dizaines de mètres, Jacqueline Théa fait face à un autre défi: l’approvisionnement en eau. «Actuellement, nous rencontrons des problèmes d’eau pour l’irrigation des plantes de manioc. Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas d’eau ici en ce moment. Parfois, nous devons creuser des puits pour trouver de l’eau», explique-t-elle.

Pendant la saison des pluies, les champs sont plus luxuriants et les affaires prospèrent. Ces femmes sont des cultivatrices et cette activité leur assure des revenus réguliers tout au long de l’année. Elles parviennent ainsi à répondre à leurs besoins fondamentaux, sans plus. Quant aux clients, les feuilles une fois préparées sont un véritable régal, savouré jusqu’à la dernière bouchée.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 05/05/2024 à 08h26