L‘agriculture et l’élevage représentent les deux poumons de l’économie guinéenne et contribuent respectivement au PIB à hauteur de 11,4% et 3%. Ces deux secteurs emploient environ 80% de la population dont la majorité est constituée de femmes et de jeunes du milieu rural.
En rappelant ces chiffres en 2021, Hawa Sylla, Secrétaire générale du ministère de l’Agriculture et de l’élevage, n’avait pas manqué d’user d’une métaphore qui en dit long sur les potentialités agricoles non encore exploitées: «la Guinée est considérée comme un géant agricole endormi.»
La technologie et les équipements inadaptés et les pratiques entrainant parfois la dégradation des sols expliquent, selon la responsable, en patrie le sommeil dans lequel ce secteur est toujours plongé. Le recours à la culture sous serre pourrait constituer un stimulant qui donnerait du tonus à l’horticulture du pays.
A Sonfonia, se trouve, sans doute, la plus grande installation de serres agricoles de la capitale guinéenne, Conakry. Sur ce site près de dix serres, de 1.000 mètres carrés chacune, sont implantées.
Ces zones dédiées à l’horticulture, propriété de l’Etat guinéen, sont confiées à des particuliers, des groupements ou ONG. A Sonfonia, à titre d’exemple, ce sont des groupements de femmes qui en assurent l’exploitation, révèle Fatoumata Sylla, responsable des serres, «si ces sites sont exploités comme il se doit, en une année, on peut faire deux ou trois récoltes. Si vous plantez des produits, la récolte se chiffre en tonnes. Par contre, en plein champ, il faudra compter avec les insectes ravageurs qui nuisent à la récolte et compter les vols. Mais à l’intérieur des serres, en plus de la sécurité, la maturation est rapide et la récolte abondante».
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Mêmes impressions chez Maciré Keita, présidente du groupement des femmes agricultrices qui confie qui «le site offre beaucoup d’avantages, facilite la lutte contre les ravageurs et contre l’insécurité. Si l’Etat nous aide à aménager ces serres, nous pourrons mieux approvisionner beaucoup de marchés» en légumes.
Ces femmes, malgré cette joie de vivre affichée au travail, font face à de nombreuses difficultés, indique Maciré Keita: «Vous avez vu la chaleur. Il y a des ventilateurs mais qui ne fonctionnent pas. On n’a pas d’eau, ni d’électricité non plus. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas travailler la nuit» se désole-t-elle.
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Au-delà de cette ambiance qui laisse croire à un mode de travail désorganisé, ici tout est bien structuré, les taches parfaitement reparties, indique la gestionnaire des lieux, Fatoumata Sylla: «nous maitrisons toute la chaîne: ceux qui assurent la production, le personnel chargé d’écouler les produits, les ouvriers spécialisés de la transformation et du séchage en passant par les chargés de l’exportation. La chaîne est bien huilée. Ça travaille ici».
Cette association a déjà fait ses preuves. A l’occasion des périodes de rareté de certains produits, cette zone agricole devient un site d’approvisionnement majeur. Une fierté pour Maciré Keita: «Nous pouvons servir beaucoup de marché local. Vous avez vu, au moment du Covid, c’est ce site qui ravitaillait Conakry. Parce que les gens ne quittaient pas l’intérieur pour rentrer à Conakry. C’est ici qui servait nos marchés».
A Sonfonia, là où la campagne agricole 2023-2024 a été lancée, les quantités produites ne reflètent pas les réelles capacités du site et ne répondent pas aux attentes liées au projet. Rien de surprenant: au-delà des tentes géantes, c’est l’absence de moyens élémentaires qui interdit toute bonne récolte.