En Algérie, les crashs d’avions militaires, avions de combat, hélicoptères et drones se succèdent à une cadence effrénée, comme nulle part ailleurs au monde. Dernier sinistre en date, le crash d’un hélicoptère militaire de type MI-171, de fabrication russe, le lundi 23 janvier 2023, aux environs de la localité d’El Attaf, dans la région de Aïn Defla.
Le crash s’est produit alors que l’hélicoptère participait à une mission d’entraînement à 200 km au sud-ouest d’Alger. Les trois membres de l’équipage, dont un colonel, un commandant et un sergent, ont tous péri dans cet accident.
Suite à cet énième crash d’un appareil militaire, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’accident. Selon des témoins, l’appareil volait à basse altitude et a heurté des câbles électriques.
Ce crash vient s’ajouter à la longue série noire d’accidents d’avions, drones et hélicoptères de l’armée algérienne.
Rien que durant les quelques huit dernières années, plus d’une douzaine de crashs ont été enregistrés au sein de la flotte de l’armée de l’air algérienne. Ce qui est énorme.
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Ainsi, en février 2014, un Hercules C-130 s’est écrasé faisant 77 morts et, en octobre de la même année, c’est un bombardier Sukhoï-24 qui s’est crashé tuant ces deux occupants lors d’un vol d’entrainement. Un mois plus tard, toujours en 2014, un MIG-25 s’est écrasé après que son piloté a réussi à s’éjecter.
En 2016, c’est un hélicoptère qui s’est écrasé tuant 12 militaires.
En 2017, deux autres crashs d’hélicoptères ont été enregistrés en mai et en juin faisant un total de 5 morts.
En 2018, l’Algérie a enregistré l’accident aérien le plus meurtrier suite au crash d’un Iliouchine-76, un autre avion militaire de fabrication russe, juste après son décollage de la base de Boufarik, au sud d’Alger, entrainant la mort de 257 personnes. Parmi les victimes figuraient des militaires et des membres de leurs familles, ainsi que plusieurs membres du Polisario.
En décembre 2020, c’est un autre hélicoptère de type MS-25 Merlin des forces navales qui s’est abimé en mer, tuant 3 membres d’équipage.
En 2022, un avion militaire s’est écrasé juste après son décollage de la base de Bousfer, non loin d’Oran, suite à une panne technique, tuant un militaire.
En juin, de la même année, c’est un drone d’attaque de type CH-4, de marque chinoise, qui s’est écrasé à la frontière avec la Tunisie. En septembre 2022, un autre drone de surveillance tactique, un ASN 209 de fabrication chinoise également, appartenant à l’escadre de reconnaissance et de guerre électronique de l’armée de l’air algérienne, s’est écrasé dans un champ à M’sila, après que l’armée a perdu tout contact avec l’appareil.
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Au total, ces crashs d’appareils militaires ont fait environ 400 morts en moins d’une décennie. Mais ces accidents ne concernent que ceux communiqués par l’armée et qu’elle ne peut cacher à l’opinion publique de par leur ampleur.
Comment alors expliquer ce nombre élevé d’accidents? Globalement, ces crashs s’expliquent par l’état désastreux dans lequel se trouvent les appareils militaires algériens. En effet, si l’Algérie dispose du budget militaire le plus élevé du continent -celui-ci ayant été augmenté de 120% en 2023, par rapport à 2022, à 23 milliards de dollars-, il n’en demeure pas moins que l’opacité qui entoure les opérations d’acquisition des équipements militaires laisse croire que ceux-ci n’étaient pas vraiment neufs au moment de leur achat.
Malgré des budgets colossaux, les généraux recourent souvent à des achats d’appareils d’occasion. En outre, les pannes qui sont derrière un certain nombre d’accidents, s’expliquent essentiellement par des problèmes d’entretien et de manque de pièces de rechange.
Enfin, la formation des pilotes algériens est aussi pointée du doigt. Et pour cause, selon le site Mena Défense, le facteur humain serait responsable de 45% des crashs d’avions militaires algériens.
Bref, des appareils d’occasion, une maintenance insuffisante et une formation des pilotes qui laisse à désirer constituent les principaux facteurs qui font que l’armée algérienne détienne le triste record de crashs d’appareils militaires.