Les manifestants qui se sont rendus en divers endroits de la capitale burkinabè, dont l’ambassade de France, portaient des pancartes et scandaient des slogans tels que «France dégage», «France on en a marre».
Ils ont été autorisés à remettre à l’ambassade une lettre demandant le départ de la France du territoire burkinabè «dans un délai de 72H».
Ils sont également allés à la base de Kamboinsin, où sont stationnés quelque 400 soldats français.
«Nous sommes remontés contre la France impérialiste, oligarchique, sauvage, barbare» qui «nous méprise», a déclaré l’un d’eux, Alouna Traoré.
Plusieurs brandissaient également des drapeaux de la Russie, pays avec lequel ils ont dit vouloir que leurs nouveaux dirigeants intensifient les relations.
Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou jouit d’un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée, en particulier au Mali, pays voisin du Burkina également dirigé par des militaires putschistes depuis 2020.
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«Le peuple veut aller avec la Russie», a dit un manifestant, Richard Bagoro, ajoutant cependant: «on ne veut pas la bagarre avec la France, on n’est pas contre le peuple français».
Des intérêts de la France au Burkina, dont l’ambassade et deux Instituts français, avaient été pris à partie par des manifestants à l’occasion du dernier coup d’Etat qui a porté au pouvoir un jeune capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, investi depuis président de la transition jusqu’à un retour au pouvoir de civils prévu en juillet 2024.
Il a dit vouloir faire de la lutte anti-jihadiste sa priorité, tout comme l’avait fait celui qu’il a renversé, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui avait pris le pouvoir par la force le 24 janvier.
Il avait alors renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’incapacité face aux attaques jihadistes qui se sont multipliées au Burkina.
Les attaques régulières de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes depuis 2015.
Plus de 40% du territoire échappe au contrôle de l’Etat, notamment du côté des frontières avec le Mali et le Niger.