Une bonne dose de carnavals d’Afrique pour une cure de bonne humeur assurée et un remède contre la sinistrose. La fin de l’année 2024 et le début de 2025 sont marqués par des moment forts dans la célébration des cultures africaines, avec la tenue de trois carnavals majeurs ancrés dans les traditions séculaires de leurs pays respectifs. Du Nigeria à la Guinée-Bissau en passant par le Cap-Vert, ces événements offrent une véritable immersion dans la diversité patrimoniale du continent, à travers une explosion de couleurs, de musiques et de danses.
Lire aussi : L’Afrique en 2025: ces quelques évènements qui feront date
Ces trois carnavals, célébrés à quelques semaines d’intervalle, offrent un kaléidoscope de la diversité culturelle africaine. Enracinés dans des traditions ancestrales remontant parfois à des siècles, ils permettent aux participants et aux visiteurs de s’immerger pleinement dans le riche patrimoine de ces nations, à travers des manifestations artistiques, musicales et spirituelles uniques.
Participante au carnaval de Calabar.. DR.
La plus grande fête de rue d’Afrique
Le célèbre carnaval de Calabar, au Nigeria, a donné le coup d’envoi de ces festivités en clôturant l’année 2024 dans une ambiance survoltée. Surnommé «la plus grande fête de rue d’Afrique», cet événement phare a rassemblé près de deux millions de participants et de spectateurs pour célébrer la riche mosaïque culturelle nigériane. Des défilés hauts en couleur, mêlant costumes flamboyants, chars somptueux et spectacles traditionnels, ont animé les rues de Calabar depuis la période de Noël jusqu’au 31 décembre 2024.
C’est la 20ème édition qui vient d’être célébrée. Le carnaval accueille des participants de différentes communautés nigérianes et attire des artistes venus d’autres pays. «Pourquoi j’aime participer? Parce que j’ai l’occasion de rencontrer beaucoup de gens, de touristes, de m’amuser puisque c’est une fois par an, de me détendre avec mes amis et de passer ensemble un très bon moment», confie un participant enthousiaste à TV5 Monde.
Lire aussi : Abidjan: des lumières pour entretenir la flamme des fêtes
Les origines du carnaval de Calabar remontent à sa création il y a 20 ans, avec pour objectif de rivaliser avec les plus grands carnavals mondiaux comme celui de Rio. Les 18 gouvernements locaux de la région y participent, mettant en avant leurs propres traditions et cultures à travers des costumes flamboyants, des chars somptueux et des spectacles culturels. Selon les organisateurs, près de deux millions de personnes assistent chaque année à cette célébration de la culture nigériane, symbole d’unité et de joie partagée.
Dans la tradition afro-brésilienne
Quelques semaines plus tard, c’est en Guinée-Bissau que la fête se poursuivra avec le carnaval national, du 23 février au 6 mars 2025. Cet événement unique mettra en lumière les traditions afro-brésiliennes du pays, tout en rendant hommage aux croyances animistes ancestrales de l’archipel des Bijagos. Parades colorées, danses vibrantes et masques en papier mâché se mêlent à des rituels animistes et à des performances de cracheurs de feu, offrant aux visiteurs une expérience immersive dans un univers où les esprits de la nature règnent en maîtres.
Les festivités débuteront le 23 février dans la capitale Bissau, avec des parades colorées où les participants arboreront des costumes flamboyants et des masques. Les danses vibrantes et les rythmes endiablés créeront une atmosphère de liesse contagieuse, typique des célébrations afro-brésiliennes.
Cependant, c’est dans les îles Bijagos que le carnaval prendra une dimension spirituelle unique. Cet archipel, peuplé par l’ethnie Bijago, est le berceau d’une culture animiste profondément enracinée. Durant le carnaval, les villages s’animeront au rythme des rituels ancestraux, où les esprits de la nature seront honorés à travers des masques spectaculaires ornés de plumes et de grelots.
Lire aussi : Fêtes de fin d’année à Dakar: la Place de l’Indépendance brille de mille feux
Ces masques, véritables chefs-d’œuvre de l’artisanat local, sont l’incarnation même des croyances bijago. Chaque détail, chaque motif, est chargé de symbolisme et représente un aspect de la nature ou une entité surnaturelle. Les porteurs de ces masques, considérés comme des intermédiaires entre le monde des vivants et celui des esprits, accompliront des danses rituelles hypnotiques, plongeant les spectateurs dans un état de transe.
Outre les célébrations animistes, le carnaval des Bijagos mettra également en lumière d’autres traditions locales, telles que les concours de jonglerie et les performances de cracheurs de feu. Ces manifestations témoignent de la richesse culturelle de cet archipel, où les traditions se perpétuent de génération en génération.
L’un des moments forts du carnaval sera sans aucun doute l’élection de la reine dans chaque village des Bijagos. Cette cérémonie ancestrale vise à célébrer la beauté féminine et à rendre hommage aux femmes, piliers de la société bijago.
Samba capverdienne
Enfin, du 27 février au 8 mars 2025, l’île capverdienne de São Vicente vibrera au rythme effréné du carnaval de Mindelo, considéré comme la capitale culturelle de l’archipel. Inspiré du légendaire carnaval de Rio de Janeiro, cet événement promet une immersion totale dans la ferveur des célébrations carnavalesques, teintées des couleurs et des sons uniques du Cap-Vert.
Lire aussi : Gabon: Libreville prête à briller pour les fêtes
Le point culminant des festivités sera sans aucun doute le grand défilé prévu le 4 mars. Ce jour-là, les rues de Mindelo se transformeront en une véritable scène à ciel ouvert, accueillant les «grupos de carnaval». Ces troupes de danseurs et de musiciens, vêtues de costumes somptueux confectionnés avec minutie, se livreront à une compétition pour remporter les précieux prix récompensant les meilleures performances et les tenues les plus spectaculaires.
Les percussions endiablées, mêlées aux voix puissantes des chanteurs, donneront le tempo à des défilés colorés et exubérants. Les danseurs exécuteront des chorégraphies envoûtantes, hypnotisant les spectateurs par leurs mouvements sensuels et leur grâce.
Mais ce qui fait la particularité du carnaval de Mindelo, c’est son ancrage profond dans les traditions musicales capverdiennes. Aux rythmes enivrants de la samba se mêleront les sonorités locales du funaná, genre musical emblématique de l’île de Santiago, et de la morna, cette musique mélancolique inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Cette fusion unique des influences brésiliennes et capverdiennes créera une ambiance festive et chaleureuse, où les spectateurs seront invités à se laisser porter par les vagues de joie et d’allégresse. Les rues de Mindelo deviennent alors un véritable théâtre à ciel ouvert, où les spectateurs peuvent se déhancher au rythme des percussions, tout en savourant les délices culinaires locaux et en partageant des moments de convivialité avec les habitants.
Lire aussi : Afrique de l’Est: ces trois pays où le tourisme vaut de l’or
Au-delà du simple divertissement, le carnaval de Mindelo revêt une importance particulière pour la préservation de l’identité culturelle capverdienne. En mettant en lumière les traditions musicales et artistiques de l’archipel, cet événement contribue à transmettre ce riche patrimoine aux générations futures, tout en le faisant rayonner à l’international.
Les visiteurs auront ainsi l’opportunité unique de plonger au cœur de la culture capverdienne, en étant témoins des talents et de la créativité débordante des « grupos de carnaval ». De quoi garder des souvenirs inoubliables, imprégnés de l’énergie contagieuse de Mindelo.
Qu’il s’agisse des célébrations animistes des îles Bijagos, des défilés spectaculaires de Calabar ou des compétitions de samba de Mindelo, ces carnavals sont le témoignage vibrant d’un continent qui embrasse son patrimoine tout en l’adaptant aux temps modernes.
Au-delà de la simple célébration, ces événements jouent un rôle essentiel dans la préservation et la transmission des cultures locales. En mettant en lumière les coutumes, les croyances et les expressions artistiques de chaque région, ils contribuent à renforcer le sentiment d’identité et de fierté des communautés, tout en sensibilisant les visiteurs à la richesse patrimoniale de l’Afrique.