Au Cameroun, pour obtenir un poste dans une administration publique ou privée, remporter une élection législative municipale ou sénatoriale, ou encore être nommé à la tête d’une grande institution, il est nécessaire de mobiliser certains médias. Ces derniers se chargent de manipuler l’opinion en votre du «client», en diffusant des informations véridiques ou non.
Cette pratique, généralement rémunérée, est répandue dans presque tous les types de médias, tels que les stations de radio et de télévision, les tabloïds et les médias en ligne. En d’autres termes, les journalistes chargés de cette tâche ont souvent pour mission de diffamer publiquement tous les potentiels adversaires de leurs commanditaires en publiant des informations erronées à leur sujet.
Les victimes de cette pratique sont nombreuses dans la capitale, Yaoundé. Un malheureux candidat à une élection municipale dans une localité proche de la région du Centre témoigne: «En 2018, afin de discréditer ma candidature auprès de mes électeurs, un membre de ma communauté a inventé que j’entretenais des relations intimes avec mes deux filles. Ces mensonges diffamatoires ont été publiés dans des journaux».
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Le sexagénaire a porté plainte contre ces journaux. Les enseignants en journalisme et d’autres professionnels de ce secteur s’opposent fermement à cette pratique, qu’ils estiment déshonorer une profession pourtant noble et respectée de tous. Il est urgent de mettre fin à cette dérive, car le public n’arrive plus à distinguer un journaliste d’un simple acteur des réseaux sociaux.
De nombreux observateurs invitent les autorités publiques à mettre en place un cadre réglementaire fiable et encourager la création d’entreprises de presse capables de garantir la sécurité financière des journalistes. La précarité semble être la principale cause de la manipulation de certains professionnels des médias.