«Les gens pensent que c’est le manque d’argent le problème. Mais c’est loin d’être le cas. C’est plutôt trouver une maison qui est compliqué. Le coût du loyer a explosé à Conakry. Les autorités doivent intervenir. Sinon à ce rythme, tous les citoyens avec un revenu moyen vont devoir quitter le grand Conakry. Car aujourd’hui même avec 1.000 euros tu ne peux pas trouver une maison qui soit correcte».
Ce ras-le-bol d’Aly Camara traduit toute la complexité du logement en Guinée, notamment sa capitale, Conakry, une ville où pourtant les immeubles sortent de terre à un rythme effréné, mais sont souvent destinés à un usage commercial.
Cette allure ne semble pas répondre à la forte demande d’un appartement où abriter sa famille. Le déficit en logements sociaux en Guinée s’élève à 500.000 unités, selon les résultats d’une étude du marché du logement publiée en 2019 à Conakry et supervisée par l’ancien Premier ministre. Selon les données de la banque mondiale, la croissance démographique était de 2,4% par an alors que d’autres source l’estiment à 6,2% pour le cas de la capitale guinéenne.
Mandian Traoré, juriste, traite souvent de conflits qui opposent bailleurs et locataires et déplore surtout le défaut de contrôle de la réglementation sur le marché de l’immobilier en Guinée.
Lire aussi : Logements insuffisants, forte demande, grave déficit... A Dakar, le loyer continue de prendre l’ascenseur
La solution? une implication de l’Etat. Et pas que. Aujourd’hui, la stratégie des bailleurs pour gagner plus d’argent est bien connue, révèle Aly Camara. «Dans cette zone par exemple, le propriétaire de maison peut baisser le loyer à 70 euros le mois. Mais il va demander une avance de six mois à un an. Et d’autres, par contre, peuvent demander seulement 4 mois d’avance mais fixer la location à 200 euros. Certains peuvent même aller jusqu’à 3 millions de francs guinéens (plus de 300 euros) pour seulement un deux chambres salon».
A propos de cette préoccupation à Conakry, passée souvent sous silence, les témoignages sont glaçants. Des jeunes, souvent avec des revenus faibles sont obligés de cohabiter avec leur famille ou n’ont d’autre choix que d’aller s’installer dans des zones reculées. Face à cette situation, aujourd’hui plus que jamais, l’Etat devrait prendre cette affaire au sérieux.