Des centaines d’habitants du quartier populaire d’Adjamé village, situé dans le centre d’Abidjan, ont manifesté leur colère par un rassemblement et des jets de pierre lancés en direction des gendarmes et policiers déployés, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.
Au moins un engin de chantier a été incendié par les manifestants, a constaté l’AFP.
Jeudi midi, des dizaines de maisons étaient détruites et les rues jonchées de débris, sous lesquels les riverains cherchaient leurs affaires.
Il n’y a «pas eu de blessés», a assuré le directeur général adjoint chargé de la sécurité publique, Siaka Dosso.
Selon un habitant interrogé par l’AFP, qui a souhaité rester anonyme, les forces de l’ordre sont venues dès 5H00 du matin (GMT et locales) et ont dit «de faire sortir les bagages des maisons». Puis, ils ont «cassé les maisons des gens (...) on leur a demandé d’arrêter», a-t-il ajouté, assurant ne pas savoir «où passer la nuit».
Adibo Tajou, un autre habitant, déplore «une catastrophe. On a perdu beaucoup de choses», quand une de ses voisines, Rosine Adou, dit s’être fait voler du matériel dans la cohue. «Mes bijoux, mes habits, tout est parti» dit-elle.
Dans ce village traditionnel vieux de deux siècles, l’opération qui pourrait durer plusieurs jours est justifiée par la construction d’une voie d’environ 1km, pour prolonger une route à la sortie d’un nouveau pont, a expliqué Siaka Dosso.
Ces opérations, appelées «déguerpissements», ne sont pas nouvelles mais ont repris massivement en février dans les quartiers précaires du district d’Abdijan, qui regroupe les 13 communes de cette métropole de plus de 6 millions d’habitants, en particulier dans des zones inondables.
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Cette année, au moins 24 personnes sont mortes en dix jours après de fortes pluies dans la métropole.
Dans certains quartiers, des commerces ont également été détruits pour aménager la voirie.
«On doit aider à réaliser ces travaux» a déclaré M. Dosso, précisant que les personnes concernées «ont été prévenues» de l’opération de démolition, ce que beaucoup démentent.
Lundi, une brigade de lutte contre le désordre urbain formée de près de 300 agents a été lancée sur le territoire du district.
Le président ivoirien Alassane Ouattara «nous a instruit de mettre l’accent sur la lutte contre le désordre urbain, la lutte contre l’insalubrité et l’amélioration accélérée des conditions de vie et de travail des populations», avait déclaré à cette occasion le gouverneur du district d’Abidjan, Ibrahima Cissé Bacongo.