Côte d’Ivoire. Fêtes de fin d’année: sur les routes, l’inquiétude face aux accidents s’accélère

Des bus de transport urbain à Abidjan.

Le 31/12/2025 à 14h33

VidéoAutomobilistes pressés de rejoindre leurs familles, transporteurs publics submergés par la forte demande et usagers ordinaires se partagent un réseau routier déjà mis à rude épreuve. En ces périodes des fêtes de fin d’année, les routes deviennent source d’inquiétude.

La fin de l’année en Côte d’Ivoire est traditionnellement associée à une recrudescence des accidents de la circulation. Cette tendance inquiète les candidats au voyage, les autorités et les professionnels des transports, déjà en alerte face à l’augmentation du nombre de victimes sur les routes.

Les périodes des fêtes de fin d’année concentrent environ 20% des accidents, 20% des blessés et 19% des tués sur l’année. En 2024, plus de 250 accidents avaient été enregistrés la semaine précédant la fête de Noël. Les projections pour cette année 2026 suscitent des inquiétudes si des mesures ne sont pas prises.

Plusieurs raisons expliquent cette recrudescence d’accidents en période festive. D’abord, l’augmentation du trafic routier, des milliers de personnes se déplaçant simultanément, saturent les axes interurbains. À cela s’ajoute l’excès de vitesse, favorisé par la volonté d’arriver plus vite à destination ou de multiplier les rotations pour les transporteurs. L’état mécanique défaillant de certains véhicules, mal entretenus mais remis en circulation pour profiter de la forte demande, constitue un facteur aggravant.

«Certains transporteurs, afin de pouvoir assurer le maximum de rotations, recourent à des substances illicites avec tous les dangers que cela suppose surtout lorsqu’on l’on est au volant», explique Mamadou Soumahoro, un responsable des transporteurs, visiblement inquiet.

Dans les rues et les gares routières d’Abidjan, le même sentiment est sur toutes les lèvres. «On voyage avec la peur au ventre», confie un passager en partance pour l’intérieur du pays.

Chaque année, les périodes de fêtes sont marquées par une hausse significative des accidents, souvent spectaculaires, parfois mortels. Les chiffres officiels, régulièrement rappelés par les autorités, témoignent de cette réalité alarmante.

La Côte d’Ivoire a lancé en 2021 une stratégie nationale de sécurité routière couvrant la période 2021-2025. À mi-parcours, le ministre des transports avait salué en 2024, les avancées significatives, en mentionnant, une baisse de 24% des accidents (passant de 10.054 à 8.089 entre 2021 et 2023), une diminution légère réduction du nombre de blessés (de 13.075 à 12.897). Cependant, il a aussi alerté sur la remontée inquiétante des chiffres fin 2024 qui a doublé en 2025, avec une hausse de 14% des tués et de 17% des blessés (de 13.075 à 12.897).

«Vous savez les périodes surtout en décembre, nous sommes plus sollicités, donc on se voit dans l’obligation d’aller un peu plus vite pour joindre les bouts», confirme Manigan Gon, un chauffeur rencontré à la gare de Bingerville.

En plus de cela il faut ajouter l’alcool et la fatigue parmi les causes majeures. Les célébrations prolongées, la consommation d’alcool au volant et le manque de repos des conducteurs de cars et de taxis interurbains augmentent considérablement les risques. Sans oublier le non-respect du code de la route, la surcharge des véhicules, l’imprudence de certains usagers et, parfois, la dégradation de certaines routes, surtout en zones rurales.

«En Côte d’Ivoire, la majorité des véhicules de transport sont vétustes. Malgré tout, les conducteurs multiplient les voyages avec les mêmes véhicules», a déploré M. Soumahoro qui ne s’est empêché d’appeler les uns et les autres à la vigilance.

«Nous voulons une fin d’année 2025 sans drame», insiste un conducteur de car rencontré à la gare d’Adjamé. Les voyageurs exhortent les chauffeurs à lever le pied, à respecter scrupuleusement les règles de sécurité. Quand de leur côté, les syndicats de transport appellent à un renforcement de l’autodiscipline et à un meilleur contrôle des véhicules avant les départs.

En cette fin d’année 2025, l’espoir demeure que la fête ne soit pas endeuillée par des tragédies évitables. La route, partagée par tous, exige prudence, respect et responsabilité. C’est à ce prix seulement que les célébrations pourront se dérouler dans la joie, et non dans le deuil. Heureuse fin d’année à tous!

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 31/12/2025 à 14h33