Face à la déferlante des produits importés à bas coût, les bijoutiers maliens luttent pour la survie

Des produits confectionnés par les bijoutiers maliens.

Le 27/10/2024 à 14h39

VidéoTravailler l’or et l’argent avec passion, un art que les bijoutiers maliens tentent de perpétuer face à l’invasion des bijoux importés à bas coûts.

La bijouterie malienne, héritage précieux transmis par des générations d’artisans, est aujourd’hui menacée par l’invasion de bijoux importés à bas prix. Astan Coulibaly, pionnière dans ce métier historiquement masculin, incarne la lutte pour préserver ce savoir-faire ancestral.

Dès l’enfance, Astan s’est passionnée pour la bijouterie. «Je fréquentais les bijoutiers depuis l’école fondamentale», confie-t-elle. Renonçant aux études classiques, elle a choisi cette vocation avec une détermination sans faille. «Je suis la seule femme à avoir percé dans le métier de la bijouterie au Mali», déclare-t-elle fièrement.

Son parcours n’a cependant pas été sans embûches. Dans un domaine traditionnellement réservé aux hommes, Astan a dû faire preuve d’une ténacité exceptionnelle. «C’est un métier qui demande beaucoup de patience», explique-t-elle, consciente des défis techniques et créatifs liés à la confection de bijoux raffinés.

La bijouterie occupe une place essentielle dans la culture malienne, où les pièces en or et en argent sont prisées, notamment pour les cérémonies féminines. Mais le secteur traverse une crise: l’insécurité a réduit l’afflux de touristes, principaux clients des artisans locaux.

Les bijoutiers maliens, experts dans le travail des métaux précieux, créent des pièces uniques comme des bracelets et des boucles d’oreilles, essentiels aux parures de cérémonie. «Les femmes achètent ces bijoux pour leurs parures lors des cérémonies», explique Astan.

Malgré leur expertise, les bijoutiers doivent affronter une concurrence accrue. «La bijouterie malienne souffre de la concurrence déloyale», déplore Aboubacar Coulibaly, président de la Société coopérative Djiguiya des bijoutiers de Bamako.

L’arrivée massive de bijoux importés de Chine, de Dubaï et d’ailleurs menace de déstabiliser ce secteur artisanal déjà fragile. Aboubacar Coulibaly appelle par conséquent les Maliens à soutenir leur patrimoine en privilégiant les bijoux locaux, gages de qualité et d’authenticité, par un acte de patriotisme économique.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 27/10/2024 à 14h39