Brice Assoumou Ella, 40 ans, est le fruit d’une union difficile. Ballotté entre sa mère et son père, il évoque ces souvenirs de jeunesse toujours avec la même peine. «Nous avons vécu des moments durs, difficiles et catastrophiques. Un jour? maman est venue nous chercher chez notre papa alors que nous avions déjà commencé l’école. Au bout de trois mois, papa est venu nous chercher en catimini. Et c’était ainsi chaque fois, on devait changer d’école», confie ce cadre d’administration publique.
L’image d’une mère qui se lève très tôt le matin pour faire le ménage avant d’accompagner les enfants à l’école est légion à Libreville. Ces mamans qui multiplient les petits boulots pour subvenir aux charges de leurs progénitures, sont très souvent des parents vivant dans la précarité. «Je bricole avec les moyens que j’ai. Là, je me débrouille à élever et à nourrir mes enfants. La société est difficile. On fait les enfants avec les hommes. Si tu décides de le quitter, il te dit d’assumer entièrement les charges» témoigne Cornella Moussounda, mère de trois enfants.
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Mais à l’évocation du sujet dans la rue, il apparaît que de nombreux anciens conjoints connaissent des situations financières inégales. Ce déséquilibre entraîne souvent crispations et tensions pour les dépenses liées aux enfants, au risque parfois d’ébranler la confiance du parent le plus précaire. «L’apport des autres membres de la famille est important. Mais lorsque la maman refuse toute aide de la famille et préfère porter plainte contre le père de l’enfant devant les tribunaux. De telles situations peuvent également être source de déséquilibre chez l’enfant», soutient Gilbert Sanouvi Komlan, commerçant à Libreville.
Se séparer, c’est difficile pour les parents, mais aussi pour les tout-petits! Comment les aider à traverser cette épreuve? On imagine que les défis auxquels sont confrontés les parents qui éduquent seuls leurs enfants sont énormes.
Elsa Nyangone, une étudiante en psychologie, propose de nouer un dialogue permanent avec les enfants. «Le manque de dialogue peut amener l’enfant à avoir un problème d’adaptation avec le nouveau cadre de vie de sa mère», explique-t-elle.
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À l’occasion de son récent passage à Libreville pour un spectacle du parlement du rire, le célèbre humoriste Mamane est formel sur cette problématique: «Les parents seuls, c’est un sujet de société, il faut s’y attaquer». Et il ne s’arrête pas au constat. «Je propose que l’État fasse son travail aussi. Il ne faut pas laisser les mamans ou les papas seuls. Les gens au gouvernement sont payés avec l’argent du pauvre...et quand ils sont là -bas ils oublient les pauvres. Il faut leur rappeler ça et c’est le rôle des humoristes», rappelle-t-il
Sans remettre en cause le volet sensibilisation des professionnels de l’humour sur les missions de l’Etat relative à la monoparentalité, les experts expliquent que ce sont les parents qui se séparent. L’enfant, lui, devrait continuer à les voir. D’abord parce qu’il les aime tous les deux. Et aussi parce que les parents se complètent en matière d’éducation et que c’est une bonne chose pour le développement de l’enfant.