Il est près de 16 heures, le marché du Mont-Bouët de Libreville grouille de monde. Sous un soleil de plomb, Gryspo, la trentaine, est assis sur un banc au plus grand marché de la capitale du Gabon. Devant lui, une vieille console et un ordinateur pour télécharger et graver de la musique. Le jeune étudiant en fin de cycle reçoit quelques clients à la recherche d’anciens tubes de variétés africaines. Le contact avec le client fait partie de sa passion.
«En vendant, nous faisons aussi des rencontres avec des personnes qui viennent faire leurs courses et souhaitent retourner avec des clés USB chargées de musique. C’est là qu’on gagne, de l’argent et des clients. On s’abonne à toutes les chaînes YouTube des artistes pour avoir certaines exclusivités musicales», soutient-il. Et peu lui importe la piraterie.
Avec un revenu journalier de 15.000 Francs CFA environ, la vente de musique par téléchargement ou gravure est devenu son gagne-pain.
Gryspo, travaille en réalité pour Mohammed, jeune Sénégalais. C’est grâce à cet ami d’enfance qu’il a découvert ce business.
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Cette collaboration entre Gryspo et Mohammed est typique des affaires traitées dans ce marché et qui peuvent s’avérer fructueuses, car Internet est le garde-mémoire des temps modernes. Surtout pour la clientèle d’un certain âge, attachée aux tubes de leur jeunesse.
«Avec la mort des discothèques, les sons de ma génération sont devenus rares. Pour avoir de la musique ancienne, je viens régulièrement voir ces jeunes qui nous transportent dans le temps», explique Hugues, un mélomane friand des succès du temps passé, les fameux STP, comme on dit à Libreville.
Autre décor, autre business. A quelques encablures des téléchargeurs de musique, Warren nous fait une visite guidée de ses installations. Depuis plus de trois ans, le jeune Gabonais s’est spécialisé, avec deux assistants, dans la personnalisation des habits. Cette nouvelle tendance s’appelle la customisation. «Customiser un vêtement, c’est le rendre unique par les couleurs et les motifs peints sur le tissu. Parfois, on y ajoute du skaï. Dans certains cas, on récupère de vieux pantalons pour en faire d’autres mais avec un design différent», explique-t-il. Même s’il reste muet sur ses recettes, il est visible qu’il tire son épingle du jeu.
Pour ce tailleur nouvelle génération, les réseaux sociaux, Tik Tok notamment, servent également à tisser des liens avec leurs clients des différents quartiers de Libreville.