«Il est difficile de garder sa dignité»: pour un jeune, Dakar est un concentré de difficultés

Des jeunes Dakarois discutent des conditions de vie difficiles dans la capitale sénégalaise

Le 24/09/2024 à 08h23

VidéoLa capitale sénégalaise concentre près du quart des 18 millions d’âmes que compte le pays et c’est la ville la plus chère d’Afrique de l’Ouest. Comment se débrouille-t-on alors lorsqu’on fait partie des 34,4% des jeunes qui sont au chômage? Les perspectives semblent si peu nombreuses, que les pirogues menant vers un ailleurs fantasmé ne sont jamais loin.

«Une population très jeune et urbaine», voilà le titre du chapitre consacré aux résultats du recensement général de la population de 2023 qui en dit long sur la difficile architecture de la société sénégalaise qui compte un peu plus de 18 millions d’âmes. Dans le détail, selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, les moins de 35 ans constituent 75% de cette population.

Cette jeunesse, qui aurait pu être un formidable réservoir d’énergie, est paradoxalement un des boulets que devront traîner les nouvelles autorités qui promettent «la rupture». Cette même agence précise qu’au premier trimestre de cette année, 34,4% des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont dans une situation de «ni en emploi, ni en éducation, ni en formation représentent de cette tranche d’âge.»

Comme si ces chiffres ne suffisaient pas pour dire l’ampleur du problème, Dakar a été classée, en 2022, ville la plus chère d’Afrique de l’Ouest par le cabinet Mercer.

Qu’en pensent ceux-là mêmes qui sont frappés de plein fout par ce concentré de difficultés? Certaines imputent cette situation à la gestion du régime précédent, aux tensions politiques, à la conjoncture mondiale difficile...

D’autres, avancent que la politique de bonne gouvernance du nouveau régime fait que l’argent ne circule plus et donc l’activité tourne au ralenti.

Dans les deux cas, les citoyens encouragent l’administration du président Bassirou Diomaye Faye à aller au bout de ses réformes, tout en évitant de bloquer l’économie sénégalaise.

Pendant ce temps, de nombreux jeunes, à qui des emplois étaient promis, commencent à perdre patience et envisage à monter à bord d’une pirogue vers l’émigration clandestine. D’où le nombreux élevé de tentatives enregistrées au cours de ces dernières semaines. Certains d’entre eux disent que dans ces conditions il est «difficile de garder sa dignité

À peine 15 jours après d’une quarantaine de personnes ont perdu la vie dans le naufrage d’une pirogue surchargée à Mbour, la Marine sénégalaise a découvert 30 corps sans vie dans une embarcation dérivant au large de Dakar.

Devant la répétition des drames, le président Bassirou Diomaye Faye a promis une «traque sans répit» des passeurs qui acheminent les migrants vers l’Europe.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 24/09/2024 à 08h23