Le Global Terrorism Index 2024 dresse un constat accablant sur plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, confrontés à une recrudescence des attaques terroristes. Le dernier rapport de l’Institut pour l’économie et la paix sonne l’alarme. Selon le Global Terrorism Index 2024, l’Afrique subsaharienne, et particulièrement la région du Sahel, est devenue l’épicentre mondial du terrorisme. Une tendance inquiétante qui menace la stabilité et le développement économique du continent.
Le Burkina Faso, l’étudiant modèle déchu
Avec 1907 morts liés au terrorisme en 2023, soit 25% du total mondial, le Burkina Faso décroche la peu enviable première place du classement des pays les plus impactés. Un quart des décès dus au terrorisme dans le monde l’an dernier se sont produits sur son sol.
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Une chute vertigineuse pour cet ancien «étudiant modèle» réputé pour sa stabilité. Les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et l’État islamique y ont multiplié attaques sanglantes et prises de territoires.
Le Mali, victime collatérale d’une crise profonde
Le Mali (3ème avec 1012 morts) et le Nigeria (7ème) sont également durement frappés. Troisième au palmarès, le Mali a payé un lourd tribut avec une hausse de 68% des victimes en 2023. Le nord du pays, déstabilisé depuis 2012, reste en proie aux affrontements entre groupes armés et forces régulières. Mais la menace terroriste s’est également propagée au centre, menaçant la survie économique de nombreuses communautés rurales par le vol de bétail et l’insécurité généralisée.
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«Au Mali, le vol de bétail a considérablement augmenté en raison de l’escalade des conflits et d’une campagne menée par IS-Sahel à la fin de 2022 pour étendre son territoire. Le lien entre la criminalité organisée et le terrorisme au Sahel se caractérise par des activités telles que le vol de bétail, l’exploitation artisanale de l’or, le trafic de drogue, les enlèvements et les demandes de rançon. Le trafic de stupéfiants est également très répandu: cannabis en Gambie, en Guinée et au Nigeria, opioïdes au Niger et cocaïne au Sénégal», dit le rapport.
Un frein au développement économique
Au-delà des chiffres dramatiques, ce rapport met en lumière les nombreux défis sécuritaires du continent. Conflits armés, pauvreté, criminalité organisée dont le narcotrafic forment un terreau propice à l’expansion des groupes terroristes. La région du Sahel en est l’illustration parfaite avec une recrudescence inquiétante des enlèvements contre rançon et du banditisme.
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Si les pertes humaines sont tragiques, l’impact du terrorisme se mesure aussi à l’aune des lourdes conséquences économiques qu’il engendre. Instabilité politique, déficit d’investissements étrangers, entrave à l’activité économique locale: le coût se chiffre en milliards de dollars chaque année pour ces pays parmi les plus pauvres au monde. Un cercle vicieux qui alimente le ressentiment populaire, terreau de la radicalisation.
Des réponses sécuritaires et de développement indissociables
Face à cette menace polymorphe, une approche globale combinant réponse sécuritaire et efforts de développement économique est recommandé: «une coopération accrue entre États, aide au développement ciblée et programmes de désengagement des combattants doivent permettre d’assécher les viviers de recrutement des groupes armés». Une lutte de longue haleine qui appelle à une solidarité internationale renforcée pour ne pas laisser l’Afrique seule face à ce fléau.