L’Etat ivoirien au chevet des personnes en situation de handicap, beaucoup reste à faire

De g. à dr.: Adama Bictogo, président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Raphaël Dogo, président de la Fédération des associations des handicapés de Côte d’Ivoire, et Adama Kamara, ministre ivoirien de l’Emploi et de la protection sociale.

Le 28/05/2023 à 09h14

VidéoDans l’optique de venir en aide aux personnes en situation de handicap, l’Etat de Côte d’Ivoire, à travers le ministère de l’Emploi et de la protection sociale, a récemment fait un don en matériels orthopédiques à des milliers de personnes à besoins spécifiques.

Ce sont un peu plus de 3.700 appareils orthopédiques, notamment des fauteuils roulants à motricité humaine et électrique, des cannes anglaises et des béquilles… qui ont été remis par Adama Kamara, ministre de l’Emploi et de la protection sociale, à des personnes en situation de handicap issues de l’ensemble des régions de la Côte d’Ivoire, afin d’améliorer durablement leur condition de vie et de restaurer leur dignité. Un acte qui redonne et reconnaît à ces concitoyens et concitoyennes en situation de handicap toute leur dignité.

«Par cette action sociale et humaniste, le gouvernement affiche, une fois de plus, son engagement et sa solidarité à l’endroit des personnes en situation de handicap, en vue de faciliter leur mobilité et leur autonomisation, facteurs indispensables de votre participation active à la vie et à la croissance économique de notre nation (…). Vous constituez, à l’instar de tous les autres citoyens, des atouts indéniables pour le développement de la Côte d’Ivoire nouvelle. Au-delà du caractère symbolique de cette cérémonie, c’est la Côte d’Ivoire solidaire qui est célébrée, une Côte d’Ivoire qui ne laisse personne de côté dans sa marche victorieuse vers le développement économique et social», a indiqué Adama Kamara.

Pour Dogo Raphaël, président de la Fédération des Associations des Handicapés de Côte d’Ivoire (FAPH-CI), «Depuis quelques années la question du handicap a connu une avancée notable. Sur un total de 2.000 personnes handicapées recrutées à la fonction publique depuis 1997, aujourd’hui près de 1.258 soit 63 % d’entre d’elles sont devenues fonctionnaires sans concours, mais sur présentation simple d’un dossier (…). Merci au gouvernement et à tous ceux qui contribuent à rallumer la flamme de l’espérance chez la personne handicapée (…)», a souligné le porte-parole des personnes handicapées de Côte d’Ivoire.

Il s’est également réjoui de la revalorisation du montant de 10 millions de FCFA qui est désormais relevé à 85 millions de FCFA au profit des associations de personnes en situation de handicap.

Outre ces actions accomplies par l’Etat, le premier responsable des personnes en situation de handicap n’a pas manqué de relever que plusieurs restent à faire pour établir ces personnes dans leur droit. «Nous souhaitons qu’un cadre institutionnel de haut niveau soit créé pour la promotion et la protection des droits des personnes en situation de handicap en particulier un ministère ou secrétariat d’Etat spécialement dédié à cette frange de la population (…), que l’accès de ces personnes à la justice soit renforcé à travers le recrutement d’interprètes en langue de signe, l’application du décret de mai 2018 relatif à l’emploi des personnes en situation de handicap (…)».

Ce moment a marqué l’occasion pour certaines personnes aux besoins spécifiques de témoigner des difficultés accourues dans cette situation. Faouziatou Ibrahima, amputée d’une jambe à la suite d’un accident de la circulation, exprime sa gratitude d’être bénéficiaire d’un fauteuil roulant. Âgée de 32 ans, elle n’utilisera plus de béquilles qu’elle s’était achetées à 25.000 FCFA.

Invité du ministre, le président de la Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI) pour sa part interpelle les uns et les autres au civisme routier quand on sait que la plupart des handicaps sont causés par les accidents de circulation. «J’appelle l’ensemble des camarades conducteurs et transporteurs à veiller au respect du code de la route car l’insécurité routière reste l’une des principales causes de handicap dans notre pays, s’agissant notamment des handicaps moteurs. Il faut d’arriver à professionnaliser à 100 % le secteur en accentuant la formation des conducteurs. Il est plus qu’important aujourd’hui que les entreprises d’auto-école jouent leur rôle d’école de sorte à rendre plus aptes les requérants de permis de conduire qui sortent de leurs écoles. Ainsi l’on pourra réduire au mieux les handicaps liés aux accidents de la route causés par les conducteurs et transporteurs», déclare Mamadou Soumahoro, président de la MTCI.

«Ce n’était pas facile. Ce fauteuil va faciliter mes déplacements et me permettre de fournir moins d’effort. Je félicite le gouvernement pour cet élan de solidarité. Je souffrais de cataracte depuis quatre ans. Je n’avais pas l’argent pour l’opération qui devait coûter au moins 300.000 FCFA. Grâce à l’opération gratuite de cataracte initiée par le gouvernement, aujourd’hui, j’ai recouvré la vue. J’ai aussi reçu les médicaments gratuitement», a témoigné Henriette Samin, diplômée de Licence en Transports logistiques.

L’inclusion du handicap est un aspect essentiel du respect des droits humains, du développement durable, de la paix et de la sécurité. Cette inclusion est essentielle à la promesse inscrite dans le programme de développement durable à l’horizon 2030, à savoir ne laisser personne de côté. L’engagement pour la réalisation des droits des personnes handicapées n’est pas seulement une question de justice, mais un investissement dans notre avenir commun.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 28/05/2023 à 09h14