À Plaine Orety, des dizaines de bâtiments, de bars et de petits commerces sont marqués d’une croix rouge, signe d’une imminente démolition. Les autorités gabonaises ont déclaré le site zone d’utilité publique et envisagent d’y bâtir une cité administrative.
Mais le projet de l’État ne fait pas l’unanimité des victimes de la casse annoncée. «J’ai 60 ans bientôt, je suis né ici. Mes parents sont là depuis les années 1950. Il n’y a pas de squatters ici. Et s’ils disent que les gens ont été dédommagés, ils ont les listes qu’ils les sortent. Nous demandons à être indemnisés au prorata de nos investissements», déclare Michel Magloire Eyeghe, habitant de Plaine Orety.
Plus de 1.000 familles de ce quartier précaire sont visées par l’opération du gouvernement. Furieuse, la sexagénaire Micheline tient à nous montrer ses investissements désormais en sursi. «J’ai construit mes petites baraques pour y vivre avec les enfants. Et si on vient m’enlever ce que j’ai bâti, je ne sais pas où ils vont m’emmener... Eux, ils ont tout. Ils ont de l’argent et des véhicules. Ils peuvent facilement aller construire ailleurs. Nous, on a rien», tempête la vieille dame, au bord des sanglots.
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Cette situation questionne néanmoins sur les suites d’un vieux projet dont l’exécution s’est toujours faite attendre. En effet, la construction de la cité administrative avait été envisagée sous le régime de feu Omar Bongo Ondimba. À l’époque, il s’agissait de construire la cité parlementaire.
Selon, les autorités gabonaises, les familles résidant dans la zone aujourd’hui réquisitionnée par l’État ont toutes été indemnisées. Mais pour les «concernés», cette information est dénuée de tout fondement. «J’ai des investissements de plus 100 millions de francs CFA qui comportent des hôtels, des logements et non des moindres. J’ai dépensé de l’argent. Quand on veut faire partir des gens, il faut savoir où est ce qu’on va les reloger. Les mesures d’accompagnement de ce relogement doivent être en phase avec les objectifs de développement que le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions et son équipe se sont fixés», explique Ekouaghe Ebazélé, habitant de Plaine Orety.
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En plus de réclamer les indemnisations à la hauteur des investissements consentis sur site, les habitants de Plaine Orety réunis autour de leur chef de quartier souhaitent avoir un calendrier de l’opération de déguerpissement pour préparer leur départ.
Quant aux plus intransigeants, il n’est pas question pour eux d’engager de nouvelles constructions en dehors de Plaine Orety. «Le ministre de l’Habitat nous a seulement dit que nous partirons éminemment. Mais quand est-ce? Et comment ? Ce sont autant de préoccupations qui nous taraudent.. Nous ne pouvons partir de Plaine-Orety pour aller nous installer quelque part sans les titres fonciers, sans les habitations clé en main», déclare Michel Ondo Obiang, chef de quartier Plaine Orety.
Un bras de fer en perspective entre les autorités et les populations de Plaine Orety sur fond d’occupation du site déclaré d’utilité publique.