Une telle requalification, si elle est retenue par la cour, constituerait un développement marquant dans la recherche de la justice pour les victimes et leurs proches.
Les débats ont été suspendus jusqu’au 18 mars à la demande de la défense après les réquisitions du représentant du parquet, Elhadj Sidiki Camara.
L’ancien dictateur Moussa Dadis Camara et dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux répondent depuis septembre 2022 devant un tribunal du massacre du 28 septembre 2009.
Ce jour-là et les suivants, des membres de la garde présidentielle, des soldats, des policiers et des miliciens réprimant un rassemblement de l’opposition s’étaient livrés avec une brutalité effrénée à des abominations dans un stade de Conakry et alentour.
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Au moins 156 personnes ont été tuées par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Les exactions ont continué plusieurs jours, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Les chiffres réels sont probablement plus élevés. C’est l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire politique de la Guinée, qui n’en manque pas.
Le représentant du parquet a rappelé que la justice guinéenne avait retenu une litanie de qualifications d’assassinats, meurtres, actes de torture, coups et blessures volontaires, séquestrations, incendies volontaires ou encore pillages, mais pas ceux de crimes contre l’humanité.
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Un certain nombre d’ONG comme Human Rights Watch réclament la requalification des faits en crimes contre l’humanité.
La commission d’enquête de l’ONU avait aussi conclu que les actes commis ces jours-là étaient constitutifs de crimes contre l’humanité.
«Depuis le début de ce procès, nous avons entendu ici des accusés, des parties civiles, des témoins. Il est versé au dossier de la procédure un certain nombre de pièces notamment, des certificats et rapports médicaux ainsi que des prises de vue», a dit le magistrat du parquet. Après analyse, le ministère public «a estimé qu’il est nécessaire de procéder à une requalification des faits» en crimes contre l’humanité, a-t-il dit.
Les avocats des nombreuses parties civiles ont soutenu les réquisitions du parquet.