Depuis plus de huit ans, les partenaires sociaux se battent pour arracher cette réforme. Elle permettra dès, sa mise en œuvre, de payer les pensions des agents publics au niveau réel fixé par le nouveau système de rémunération. Malgré cette bonne intention, certains citoyens accueillent le report du départ à la retraite avec réserve. Mathieu, administrateur civil, est de ceux-là et met en cause la «tricherie sur l’âge» une filouterie à laquelle ont recours ceux qui souhaitent retarder le départ à la retraite. Une tromperie qui semble monnaie courante pour garder intact son salaire.
Alors que l’espérance de vie est estimée à 64 ans d’après la Banque mondiale, cette réforme est discutable au plan moral, de l’avis de plusieurs observateurs. «Certainement que l’État va réaliser des économies. Mais, si une bonne partie des agents rétraitables qui falsifient leur l’âge, il n’y aura pas de gain économique», fait observer Sylvain Lidzondzo, fonctionnaire à la retraite.
Lire aussi : Gabon: la Caisse nationale de sécurité sociale frôle la faillite
Les départs à la retraite au Gabon étaient jusqu’à ce jour encadrés par le code du travail dont l’article 2 fixe l’âge légal de la retraite à 60 ans pour le régime général. Certaines professions, en raison de leur caractère particulier, bénéficient d’un régime dérogatoire qui leur permet de pouvoir partir à la retraite dès 55 ans.
La réforme actuelle concerne les agents civils de l’État. Malgré ces explications, le projet du gouvernement intervient dans un contexte de controverse né du gel des recrutements à la fonction publique sur une longue période «Comment voulez-vous qu’aujourd’hui on ne prenne pas en compte ces jeunes qui sont restés plusieurs années sans emploi. Et ceux qui continuent à travailler vont attendre jusqu’à 62 ans? Sachant que la vie sanitaire est précaire, il faut revoir cette réforme», recommande Franck Lebi, agent civil de l’État.
Selon Nadia, étudiante en fin de cycle à l’Université Omar Bongo de Libreville, allonger l’âge de départ à la retraite plombe le rêve des jeunes diplômés en attente de recrutement à la fonction publique.
Lire aussi : Burkina Faso: les retraités encore en service, désormais obligés de prendre leur retraite
«Je pense que ça va nous pénaliser. Déjà à 60 ans c’était trop. Maintenant on met ça à 62 ans. À quel moment allons-nous, nous les jeunes, travailler?» s’interroge-t-elle
La réforme prévoit également la régularisation la situation des retraités, à travers l’arrimage à un nouveau système de rémunération, la revalorisation des pensions principales et de réversion, ainsi que le paiement des rappels. Le coût total de l’opération est évalué à 56 milliards de francs FCFA dont la moitié sera payée fin février.