Arshad Sharif était un critique véhément de l’armée, toute puissante au Pakistan, et un partisan de l’ancien Premier ministre Imran Khan, renversé en avril par une motion de censure.
«Un ressortissant pakistanais a été tué, supposément par la police», a déclaré lundi à la presse Ann Makori, cheffe de l’Autorité indépendante de supervision de la police kényane (Ipoa).
«Notre équipe d’intervention rapide a déjà été déployée pour enquêter sur la mort du journaliste», a-t-elle ajouté.
Selon un rapport de police consulté par l’AFP, la voiture transportant Sharif et un autre homme a été touchée par neuf balles dimanche soir, alors qu’elle passait un barrage routier improvisé dans une zone isolée située à environ 40 km de Nairobi.
Le rapport ne dit pas qui est à l’origine des coups de feu, mais précise que la voiture a continué sa route jusqu’à arriver à la maison d’un autre citoyen pakistanais.
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Là, le décès de Sharif a été constaté, avec «une blessure par balle à la tête qui avait pénétré par l’arrière».
Le rapport ajoute qu’au moment des faits, la police recherchait une voiture volée et une personne qui venait d’être enlevée. Mais il n’explique pas quel est le lien avec la mort de Sharif.
En août, Sharif avait interviewé sur la chaîne Ary News un proche conseiller d’Imran Khan, Shahbaz Gill, qui avait à cette occasion exhorté les officiers de l’armée à désobéir aux ordres contraires «à la volonté de la majorité (du peuple)».
Ces déclarations avaient été considérées comme séditieuses par les autorités. Ary News avait ensuite brièvement été empêchée d’émettre par l’autorité de régulation des médias et un mandat d’arrêt avait été émis contre Sharif, qui avait alors quitté le pays.
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La chaîne avait ultérieurement annoncé avoir «coupé (ses) liens» avec le présentateur.
Gill avait été arrêté après son interview sur Ary News. Imran Khan avait ensuite affirmé que son conseiller avait été torturé et abusé sexuellement en détention, ce qui lui avait valu plusieurs comparutions devant des tribunaux, pour des accusations d’outrage à magistrat et d’infraction à la loi antiterroriste qui ont depuis été abandonnées.
«J’ai perdu un ami, un mari et mon journaliste préféré aujourd’hui», a twitté lundi l’épouse de Sharif, Javeria Siddique. Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a aussi confirmé avoir été informé de la mort du journaliste.
Les critiques à l’encontre de l’armée et des puissants services de sécurité sont depuis longtemps considérées comme une ligne rouge au Pakistan, classé parmi les pays les plus dangereux au monde pour les professionnels des médias.
Le Pakistan occupe la 157e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.