Visa Schengen: en une année, les Africains ont dépensé 56,3 millions d’euros en demandes rejetées

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Le 11/06/2024 à 12h43

Derrière les chiffres des rejets de visas Schengen se cache un phénomène inquiétant: l’argent qui coule de l’Afrique vers l’Europe. En 2023, les Africains ont dépensé la somme colossale de 56,3 millions d’euros en frais de demandes de visas Schengen rejetées. Un montant qualifié «d’envois de fonds inversés des pays pauvres ou en développement vers les pays riches.»

Au cœur de l’Afrique, cinq pays se distinguent par les montants relativement importants dépensés en raison des rejets de demandes de visas de leurs ressortissants pour l’Union Européenne en 2023. Autant dire que les dernières statistiques sur les demandes de visa Schengen publiées par le site schengen.news révèlent une tendance préoccupante. En 2023, les ressortissants de pays africains ont dépensé la somme colossale de 56,3 millions d’euros en frais de demandes rejetées, soit 43,1% du total des dépenses que nécessite l’ensemble des démarches effectuées pour l’obtention d’un visa Schengen.

Cette réalité souligne les défis auxquels sont confrontés les Africains dans leur quête de mobilité internationale. Comme le souligne Marta Foresti, fondatrice de LAGO Collective, «L’inégalité en matière de visas a des conséquences très tangibles, et les plus pauvres du monde en paient le prix. On peut considérer les coûts des visas rejetés comme des envois de fonds inversés, de l’argent qui coule des pays pauvres ou en développement vers les pays riches

Le top 5 des pays «émetteurs»

L’Algérie, le Maroc, l’Égypte, le Nigéria et la Tunisie figurent en tête de ce classement, soulevant des interrogations sur les enjeux migratoires, économiques et diplomatiques sous-jacents.

Avec 13,3 millions d’euros engrangés par les rejets de visas, l’Algérie occupe la première place de ce palmarès peu enviable. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur des défis auxquels sont confrontés les Algériens désireux de se rendre en Europe, que ce soit pour des raisons professionnelles, familiales ou éducatives.

Le Maroc suit de près avec près de 11 millions d’euros. Une somme colossale qui souligne les obstacles bureaucratiques auxquels se heurtent les Marocains souhaitant obtenir un visa européen.

L’Égypte, avec 3,75 millions d’euros, le Nigéria (3,44 millions) et la Tunisie (3,11 millions) complètent ce top 5 africain des dépenses les plus élevées pour des demandes rejetées. Au total, ces cinq pays représentent plus de 35 millions d’euros, soit près des deux tiers du montant total de 56 millions engrangé par l’UE grâce aux rejets de visas africains en 2023.

Top 5 des montants générés par les demandes de visas Schengen rejetées en 2023

PaysMontant dépensé (en euros)Classement africain
Algérie13.300.8001er
Maroc10.909.3602ème
Egypte3.754.4803ème
Nigeria3.435.2004ème
Tunisie3.111.4405ème

Cette situation met en lumière les défis économiques auxquels sont confrontés de nombreux pays africains. Avec des salaires moyens souvent faibles, le coût de 80 euros par demande de visa représente une part substantielle des revenus des ménages. Pour l’Algérie, par exemple, ce montant équivaut à près d’un tiers du salaire moyen mensuel.

De plus, à partir de ce jour mardi 11 juin 2024, les frais de demande de visa Schengen augmentent de 80 à 90 euros, aggravant davantage le fardeau financier des demandeurs Africains. Une hausse qui pourrait accroître les dépenses liées aux refus de 56 à 63 millions d’euros, renforçant ainsi le phénomène des «envois de fonds inversés».

Par Modeste Kouamé
Le 11/06/2024 à 12h43