Tunisie: voici pourquoi 70% des établissements éducatifs privés risquent de fermer

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Le 21/08/2019 à 14h50, mis à jour le 22/08/2019 à 00h33

Les inscriptions dans les établissements éducatifs privées ont chuté de 40%, à cause d'une nouvelle circulaire du ministère tunisien de l’Education, publiée le 23 juillet dernier. Le document menace l'existence de nombreux établissements éducatifs privés. Explications.

A quelques jours de l’ouverture des classes en Tunisie, l’incertitude prévaut pour nombre de parents d’élèves. Et il y a de quoi.

En effet, selon Abdellatif Khamassi, président de l’Union tunisienne des institutions privées de l’éducation et de la formation (UTIPEF), les inscriptions dans les établissements privés (primaires et secondaires), a chuté de 40%, par rapport à la même période de l’année dernière.

Cette situation inquiétante s’explique par une décision prise par le ministre tunisien de l’Education nationale, le 23 juillet dernier.

Par une circulaire, le responsable gouvernemental a interdit aux enseignants du secteur public de dispenser des cours dans les établissements éducatif privés fréquentés par plus de 150 élèves.

Cette mesure, censée renforcer l’employabilité des jeunes diplômés, va toucher des établissements privés, lesquels sont actuellement fréquentés par plus de 150.000 élèves dans le pays. 

Conséquence directe de cette décision: les parents d’élèves ne veulent plus inscrire leurs enfants dans les établissements privés concernés par cette circulaire.

Et de fait, des dizaines d'établissements privés seront fortement affectés par cette mesure. Selon le président de l’UTIPEF, 70% de ces établissements risquent de mettre la clé sous le paillasson, particulièrement dans les régions intérieures.

Outre leur apport à l’éducation des enfants tunisiens, les établissements privés de l’éducation et de la formation contribuent à l’allègement des dépenses de l’Etat, dédiées à l’éducation d’un montant annuel de plus de 1,50 milliard de dinars tunisiens et génèrent des recettes au profit du Trésor tunisien estimées à 10 millions de dinars par an.

Au lieu de créer des emplois, cette mesure pourrait en détruire tout autant, sachant que ces établissements emploient, en Tunisie, un total de plus de 30.000 salariés, toutes professions confondues.

Selon l’article 39 du décret n°486 du 22/02 2008, le directeur régional de l’éducation et de la formation peut autoriser les enseignants des collèges, des lycées et des lycées publics à assurer des séances d’enseignement supplémentaires dans les établissements éducatifs privés, sans que le total des heures supplémentaires assurées dans l’enseignement public et privé ne dépasse, pour un seul enseignant, 10 heures par semaine.

Cette mesure permettait aux écoles privées de recruter des enseignants qualifiés, exerçant dans le secteur public, allégeant, par la même occasion, leurs charges salariales.

En conséquence, le chef du gouvernement tunisien et le ministre de l’Education sont priés tant par les enseignants que par les parents d'élèves de revoir cette décision, et de trouver une solution consensuelle qui n’impactera pas négativement sur le secteur de l’éducation privé et l’éducation des enfants tunisiens. Diligemment, car la rentrée approche à grands pas. 

Par Karim Zeidane
Le 21/08/2019 à 14h50, mis à jour le 22/08/2019 à 00h33