Tunisie: 1re édition du FITA, la Tunisie sur les pas du Maroc

Une séance lors de la première journée du FITA 2018, à Gammarth (Tunisie).

Une séance lors de la première journée du FITA 2018, à Gammarth (Tunisie). . DR

Le 07/02/2018 à 13h55, mis à jour le 07/02/2018 à 14h44

L’Afrique subsaharienne représente à peine 3% des exportations tunisiennes. Le pays du Jasmin s’est fixé comme objectif de doubler voire de tripler ses échanges avec la région. La tenue de la 1re édition du FITA les 6 et 7 février courant a permis de lancer des initiatives dans ce sens.

«Depuis quelques années, nous redécouvrons notre africanité. Cet intérêt pour l’Afrique est réel et nous sommes en train d’organiser de plus en plus d’événements africains dans notre pays», expliquait Zied Laadhari, ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, à l’ouverture de la 1re édition du FITA –Financing Investment and Trade in Africa- qui se tient les 6 et 7 février 2018 à Gammarth, en Tunisie.

Le ministre du Commerce, Omar El-Behi, a renchéri en soulignant qu’«aujourd’hui, l’Afrique est au cœur de nos orientations stratégiques. Les relations avec les pays africains doivent se baser sur des intérêts partagés».

Le FITA vise à offrir un cadre d’échanges directs entre opérateurs économiques et acteurs politiques pour trouver des solutions aux obstacles qui entravent le développement des échanges commerciaux au niveau du continent.

A ce titre, il faut souligner que la Tunisie, dont les échanges sont fortement orientés vers le marché européen, a beaucoup souffert de la crise qui a touché le vieux continent entre 2008 et 2016. Face à cette situation, le pays, affecté par une conjoncture économique difficile depuis le début du «Printemps arabe», compte se tourner vers le marché africain pour diversifier ses partenaires commerciaux. Et pour les opérateurs tunisiens, confrontés à l’étroitesse de leur marché, ce n’est pas un choix, mais une nécessité.

En effet, l’Afrique subsaharienne, selon le ministre tunisien du Commerce, pèse «moins de 3% du total des exportations tunisiennes», contre 5% vers les pays du Maghreb et plus de 60% vers l’Europe.

A titre de comparaison, le commerce intra-africain entre les pays de l’Est atteint 25% des échanges globaux de la région, explique-t-il, soulignant ainsi le potentiel important pour les opérateurs tunisiens, notamment pour ceux qui travaillent dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile-habillement, de la mécanique, de l'électronique, de la chimie et des produits manufacturiers.

De même, les entreprises tunisiennes sont faiblement présentes en Afrique, contrairement au Maroc, qui a développé au cours de ces dernières années des relations poussées avec l'Afrique subsaharienne. Outre l'implantation d'entreprises marocaines de divers secteurs d'activités dans de nombreux pays, on note une forte présence de filiales des grandes banques marocaines -Attijariwafa bank, BMCE Bank of Africa et Banque centrale populaire- au niveau du continent, facilitant ainsi les financements des investissements et les transactions commeciales des opérateurs marocains. Ainsi, le Maroc est devenu un acteur incontournable au niveau de l'Afrique de l'Ouest. 

C'est le modèle que compte suivre la Tunisie, qui reconnaît son retard et ses faiblesses, notamment sur le volet des financements et surtout au niveau de la logistique et du transport. «La Tunisie est consciente de ces obstacles et elle est déterminée à œuvrer pour les lever», a ainsi souligné le ministre.

Conscient que les échanges ne peuvent se développer sans le transport aérien et maritime, Tunisair augmente ses dessertes sur le continent avec l’ouverture de nouvelles lignes. Express Air Cargo compte ouvrir 24 lignes pour stimuler les échanges commerciaux entre les pays africains et la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) va relier prochainement les ports tunisiens à ceux de Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Accra (Ghana). Autant d’initiatives visant à accompagner les opérateurs économiques du continent dans leurs échanges.

Preuve que la Tunisie compte bien renforcer sa présence sur le continent africain, la Tunisie prépare déjà un autre grand rendez-vous les 24 et 25 avril prochain sur l’enseignement supérieur en Afrique. Un forum qui sera axé sur l’ingéniorat, les finances et la santé.

A ce titre, la Tunisie, qui accueille actuellement un peu plus de 6.000 étudiants africains au niveau de ses écoles et centres de formation, contre plus de 10.000 au début de la décennie, envisage de porter ce nombre à 20.000 étudiants dans quelques années.

Rappelons que le FITA est organisé par le Tunisian-Africa Business Council (TABC), en partenariat avec l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA) et le Centre de promotion des exportations (CEPEX).

Par Moussa Diop
Le 07/02/2018 à 13h55, mis à jour le 07/02/2018 à 14h44