Alors qu’au lendemain du «Printemps arabe», certains promettaient l’arrivée massive d’aides et d’investissements directs étrangers (IDE) grâce à la démocratisation du régime et à l’amélioration de l’environnement des affaires, dix ans plus tard, le constat est sans appel et la réalité est tout autre.
La Tunisie a en effet bien du mal à attirer plus d’investisseurs étrangers, et la dégradation de son environnement des affaires y est pour beaucoup.
Le pays, qui figurait ainsi parmi les principaux bénéficiaires des IDE au niveau du continent africain, n’y figure tout simplement plus aujourd'hui. Dans le dernier rapport 2020 de la Cnuced -Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement- plus aucune trace de la Tunisie dans les classements.
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Pour la première fois, la Tunisie n’est donc pas citée dans ce rapport de la CNUCED, alors que l’organisation onusienne avait souligné, en 2019, que les flux d’IDE en Tunisie ont baissé de 18% par rapport à 2018, se portant à 845 millions de dollars: c'est la plus faible valeur enregistrée durant la période 2014-2019.
Déjà, en 2019, l’institution onusienne avait souligné que les flux d’IDE en Tunisie avaient baissé par rapport à 2018, s'établissant à un taux de 18%, et se portant donc à 845 millions de dollars, soit la plus faible valeur enregistrée au cours de la période s'étalant de 2014 à 2019.
Ainsi, les Investissements directs étrangers sont passés de 1,63 milliard de dollars en 2010, à 1,48 milliard de dollars en 2011 et ont poursuivi leur trend baissier par la suite, pour s’établir à 845 millions de dollars en 2018, soit la moitié du montant d’avant la révolution.
Ils finissent à 811,67 millions de dollars en 2019, soit une baisse de l'ordre de 50,2% des IDE en dix ans. Une situation qui s’est encore aggravée l'année dernière, 2020, à cause de la pandémie du Covid-19, même si les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles. Mais entre janvier et septembre 2020, les IDE en Tunisie ont reculé de 26,4% par rapport à 2019, s'établissant à 1.506,6 millions de dinars, soit l'équivalent de 542,84 millions de dollars.
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Notons toutefois que ces flux, rapportés en dinar tunisien, enregistrent une hausse trompeuse résultant d'un effet mécanique du taux de change, qui résulte de la dépréciation du dinar tunisien par rapport aux principales devises étrangères.
En effet, rapportés en monnaie locale, ces flux sont passés de 2,165 milliards de dinars tunisiens en 2010, à 2,479 milliards de dinars en 2019. Toutefois, cette évolution cache une réalité, celle de la forte dépréciation du dinar tunisien vis-à-vis de l’euro et du dollar. Alors qu’il fallait en effet 1,3255 dinar pour 1 dollar en 2010, il en a fallu 3,0542 dinars pour un même dollar en 2019. Par conséquent, s'il est exprimé en dollar, le flux des IDE entre ces deux périodes est passé de 1,63 milliard de dollars en 2010, à 811,67 millions en 2019.
Cette tendance lourde de la baisse des IDE à destination de la Tunisie s’explique évidemment par une conjonction de facteurs. D’abord, il y a l’effet de l’instabilité politique dans le pays, consécutif à la révolution, qui a freiné un certain nombre d’investisseurs. Cette instabilité se poursuit, comme l’attestent les changements fréquents de gouvernements et de ministres en Tunisie.
En dix ans, ce sont ainsi plus de 470 ministres et secrétaires d’Etat qui ont tour à tour occupé des portefeuilles divers et variés dans les différents gouvernements qui se sont succédés.
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Ensuite, un problème lié à l'insécurité s’est greffé à cette instabilité politique, tout particulièrement à cause de la multiplication d’attaques terroristes, dont les plus retentissants -celui du musée de Bardo et l’attaque de la plage de Sousse- ont ciblé des touristes étrangers.
Par ailleurs, l’environnement des affaires, qui constituait l'un des points forts de la Tunisie, s’est fortement dégradé durant la décennie post-révolution.
Malgré l’amélioration des libertés, la corruption est devenue endémique dans le pays. Un sondage de l’Institut républicain international (IRI) réalisé par la société tunisienne Elka Consulting, a révélé en 2017 que la corruption était la préoccupation majeure des Tunisiens.
Selon ce même sondage, 89% des personnes interrogées ont affirmé que la corruption était plus élevée qu’avant la révolution de 2011, qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali. La situation a d'ailleurs, entre-temps, et en trois années, encore empiré, depuis, comme l’illustrent les nombreux scandales qui ont concerné plusieurs ministres et autres responsables tunisiens.
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Cette corruption a beaucoup contribué à la détérioration de l’environnement des affaires. A ce titre, il faut souligner que la Tunisie a perdu beaucoup de places dans le classement Doing business de la Banque mondiale. Au cours de la décennie écoulée, de 2010 à 2019, le pays a ainsi perdu 33 places, passant de la 45e à la 78e place mondiale, dans un laps de temps de 9 ans.
Enfin, en plus de cette corruption à grande échelle, la Tunisie a souvent été épinglée par plusieurs instances internationales comme étant un pays où sévissent les trafics des flux financiers illicites.
Bref, le nouveau gouvernement du Premier ministre Hichem Mechichi a du pain sur la planche pour remettre le pays en bon ordre de marche, et lui faire retrouver son attractivité d’antan, afin d’attirer davantage d’investissements directs étrangers. Ceux-ci sont en effet nécessaires à la relance de l'économie tunisienne, en crise depuis une décennie.