"La responsabilité et le devoir nous obligent aujourd'hui à la formation d'un gouvernement de concrétisation sociale et économique", a indiqué Mechichi à la presse. "Son centre d'intérêt est le citoyen et sa priorité est de lui présenter des solutions urgentes sans qu'il soit soumis à des tiraillements ou à des conflits politiques".
La nouvelle équipe gouvernementale sera formée "de compétences complètement indépendantes (...) capables de travailler en harmonie", a-t-il ajouté.
Selon Mechichi, les consultations avec les partis politiques vont se poursuivre "pour parler des priorités économiques et sociales du prochain gouvernement parce que leur mise en place ne pourrait se faire sans le soutien des partis et du Parlement".
Il a également mis en garde contre une "crise aiguë" en Tunisie, dont le Produit intérieur brut est en repli de 6,5%, l'endettement représente 86% du PIB et le taux de chômage pourrait dépasser 19% d'ici fin 2020.
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Ennahdha s'était prononcé plus tôt lundi contre un gouvernement d'indépendants, appelant Mechichi à former un cabinet tenant compte des "équilibres parlementaires". Ce mouvement, qui compte 54 sièges sur 217 à l'Assemblée, craint d'être écarté du nouveau gouvernement.
Mechichi, 46 ans, a été choisi fin juillet par le président Kais Saied au détriment des candidats proposés par les principaux partis.
"Le nouveau gouvernement doit représenter le peuple tunisien qui a voté lors des législatives" de 2019, a indiqué Abdelkarim Harouni, président du conseil de la Choura, organe consultatif d'Ennahdha, lors d'une conférence de presse.
Il a considéré qu'avoir recours à des compétences indépendantes "serait un coup porté contre la démocratie et les partis" politiques.
Mechichi, qui était ministre de l'Intérieur dans le gouvernement sortant d'Elyes Fakhfakh, s'est entretenu vendredi avec d'anciens chefs du gouvernement: Hamadi Jebali (2011-2013), Ali Larayadh (2013-2014), Habib Essid (2015-2016) et Youssef Chahed (2016-2020).
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Il a également rencontré les anciens présidents Foued Mebazaa (janvier à décembre 2011) et Mohamed Ennaceur (juillet à octobre 2019), pour discuter de la situation politique et socio-économique du pays et de leurs visions pour l'avenir.
Mechichi a aussi vu lundi Noureddine Taboubi, secrétaire général de la puissante centrale syndicale UGTT, et Samir Majoul, président de l'organisation patronale Utica, avant d'aller au palais de Carthage pour rencontrer le président Saied.
Une fois son cabinet formé, Mechichi devra obtenir la confiance du Parlement à la majorité absolue d'ici début septembre. Faute de quoi, l'Assemblée sera dissoute et de nouvelles élections législatives auront lieu.