C'est le site d'information Mondafrique qui révèle les indiscrétions concernant la dernière visite de Hichem Mechichi, le Premier ministre tunisien, en France. Il aurait été reçu sans le moindre des égards dus à son rang de chef de gouvernement d'un pays pourtant très proche de la France.
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D'abord, à son accueil à l'aéroport, il n'a vu aucune personnalité officielle française, ce que les diplomates tunisiens n'ont pas manqué de relever et de déplorer. "De même, l’hôte de la France a été hébegé dans la résidence de l’ambassade et non pas dans un hôtel choisi par le Quai d’Orsay", ajoute la même source.
L'autre manque de considération des autorités françaises pour leur invité est qu'il a dû se rendre au siège de la primature française non pas à bord d'une voiture du gouvernement comme le veut la tradition, mais plutôt par les moyens fournis pas l'ambassade de Tunisie à Paris.
Et d'ajouter: "Le déplacement du chef de l’exécutif tunisien s’est résumé à des échanges éphémères avec Jean Castex, des photos souvenirs folkloriques et des rencontres officielles sans écho médiatique notable". Pourtant, le chef du gouvernement tunisien aurait pu s'attendre à un accueill bien plus chaleureux lors de cette visite qui intervient juste après avoir fait une grande concession sur le rapatriement des Tunisiens radicalisés. En effet, son pays a accepté de déliver des laisser-passer consulaires (LPC) à ces terroristes présumés, document de voyage sans lequel aucune expulsion n'est possible.
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Pis, sur le plan financier, Hichem Mechichi est obligé de retourner à Tunis les mains vides, alors que son pays fait face à une crise sans précédent et que la raison principale de cette visite était justement d'obtenir des promesses de soutien de la part d'Emmanuel Macron et de Jean Castex. Mais cette nouvelle aide financière ne viendra pas et Mondafrique de s'interroger si "la Tunisie sera en mesure d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses principaux créanciers".
En effet, le dernier rapport de Fitch Ratings sur la solvabilité de l'Etat tunisien a revu à la baisse la notation du pays qui passe de "Stable" à "Négative" compte tenu des risques qui pèsent sur les recettes budgétaires. De plus, dans une interview accordée à la chaîne d'information France 24, Hichem Mechichi a clairement affirmé que son pays avait besoin de 5 milliards d'euros pour résorber son déficit. Or, visiblement, la France embourbée dans une crise sanitaire et un net ralentissement de son économie, n'a plus les moyens de faire des largesses à ses partenaires.
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"La forte détérioration des finances publiques, l’absence des réformes et le chaos politique actuel ne plaident pas en faveur d’un nouveau financement extérieur du déficit budgétaire abyssal", souligne le site d'information.
Finalement, Mechichi rentre chez lui bredouille, si ce n'est des promesses d'investissements par-ci et des déclarations de bonne volonté par-là. Pas plus.