Le président Saied évoque une réforme de la Constitution lors d'un bain de foule à Tunis

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Le 12/09/2021 à 06h16

Le président tunisien Kais Saied a annoncé samedi soir la nomination "dans les plus brefs délais" d'un nouveau gouvernement et évoqué une réforme à venir de la Constitution, lors d'un bain de foule nocturne à Tunis.

Un nouveau gouvernement sera "formé dans les plus brefs délais" après "sélection des personnalités les plus intègres", a indiqué M. Saied, aux télévisions Wataniya et Sky News Arabia, après avoir déambulé, sous bonne garde, sur l'avenue Bourguiba qui traverse le coeur de la capitale.

Il n'a pas donné de date précise pour la formation du gouvernement, ajoutant: "nous continuons la recherche des personnalités qui vont assumer cette responsabilité".

Le président Saied a aussi évoqué la Constitution de 2014, affirmant qu'il la "respecte mais que l'on peut introduire des amendements au texte". Selon lui, "le peuple tunisien a rejeté la Constitution" et "les Constitutions ne sont pas éternelles".

Il faut donc, à ses yeux, "amender en respectant la Constitution", en gardant à l'esprit que "la souveraineté appartient au peuple".

Ces derniers jours, de nombreux médias ont spéculé sur l'annonce prochaine d'un gouvernement provisoire suivie d'une révision de la Constitution devant ensuite être soumise au suffrage universel via un référendum, avant de nouvelles élections législatives.

Le 25 juillet, Saied a limogé le Premier ministre, a suspendu les activités du Parlement et s'est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, "jusqu'à nouvel ordre".

Sur les images diffusées sur la page Facebook de la présidence tunisienne, on voit le chef de l'Etat marcher sur l'avenue, être acclamé par la foule qui entonne l'hymne national, avant de s'arrêter devant les micros des deux chaînes de télévision pour répondre à quelques questions.

Théoricien du droit et enseignant, Kais Saied se présente depuis son élection surprise à une ample majorité fin 2019 comme l'interprète ultime de la Constitution.

Il s'est appuyé sur son article 80 qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de "péril imminent" à la sécurité nationale, pour justifier les décisions prises il y a plus d'un mois et demi.

Nombre de Tunisiens les ont accueillies avec enthousiasme: exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l'impunité dans un pays en graves difficultés sociales et économiques. Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont dit craindre une "dérive autoritaire".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/09/2021 à 06h16