Le président tunisien Kais Saied a annoncé le 30 mars la dissolution du Parlement huit mois après l'avoir suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021, faisant vaciller l'expérience démocratique dans le pays berceau du Printemps arabe.
L'Assemblée était dominée par Ennahdha, un parti islamo-conservateur proche de celui au pouvoir en Turquie et dont Erdogan est issu.
Dans des déclarations lundi, Erdogan avait qualifié la dissolution du Parlement tunisien de «coup à la volonté du peuple tunisien» et de «tache sur la démocratie».
Ces propos ont manifestement suscité l'ire du président tunisien, dont Ennahdha est la bête noire, qui a souligné en recevant mardi son chef de la diplomatie Othman Jerandi son «refus de toute ingérence sous quelque forme que ce soit» dans les affaires tunisiennes, selon un communiqué de la présidence qui n'a pas fait directement référence aux déclarations de Erdogan.
Mardi soir, le ministère tunisien des Affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel il a exprimé son «étonnement» face aux déclarations de Erdogan, les qualifiant d'«ingérence inacceptable dans les affaires intérieures» de la Tunisie.
Dans un deuxième communiqué diffusé tôt mercredi, la diplomatie tunisienne a indiqué que Jerandi s'était entretenu mardi au téléphone avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu et que l'ambassadeur turc à Tunis avait été convoqué au siège du ministère des Affaires étrangères en signe de protestation après les déclarations de Erdogan.
La proximité d'Ennahdha avec la Turquie d'Erdogan alimente une controverse depuis plusieurs années en Tunisie, un pays qui se targue d'une forte tradition laïque.
Washington et Paris ont exprimé leur «préoccupation» après la décision du président Saied de dissoudre le Parlement, sans susciter à ce stade le moindre commentaire des autorités tunisiennes.