Qui sont les pyromanes qui essayent d’envenimer la situation déjà très tendue en Tunisie? C’est la question qui taraude de nombreux Tunisiens depuis quelques jours suite à la multiplication des incendies dans le pays. Plusieurs dizaines d’incendies ont en effet été recensés dans le pays depuis le jour de l’Aïd el-Fitr, où pas moins de 23 sinistres ont été enregistrés dans le pays. Pour certains, ces incidents ne sont pas le fruit de simples coïncidences malheureuses.
Dans la journée du jeudi 5 mai 2022, 63 incendies se sont déclarés, nécessitant 404 interventions des agents de la Protection civile. On peut citer en particulier l'incendie qui s’est déclenché au niveau de la raffinerie de tourteau à Agareb, dans le gouvernorat de Sfax, celui enregistré au niveau du port commercial du même gouvernorat et qui a touché trois grands bateaux -Oum El Khir, Majed et Manar2-, causant des dégâts importants, ainsi que l’incendie de l’entrepôt de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) à Ghannouch, dans le gouvernorat de Gabes.
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Plus inquiétant encore pour les autorités tunisiennes, ces incendies touchent aussi les marchés et surtout les champs agricoles alors qu’on est en période de récoltes. Et dans un contexte de tensions au niveau du marché mondial à cause des pénuries de certains produits liées à la guerre Russie-Ukraine, les autorités tunisiennes ont pris des mesures visant à préserver les récoltes.
Face à la multiplication et à la synchronisation de ces incendies, nombreux sont ceux qui écartent la coïncidence et les accidents. La plupart des incendies s'étant déclarés à Gabes et Sfax, les autorités tunisiennes leur attribuent une origine criminelle. Certains vont même jusqu'à pointer du doigt un parti politique bien implanté dans cette région. Celui-ci a rapidement réagi en condamnant l’incendie et en accusant les pouvoirs publics d’insuffisance et de négligence.
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S’exprimant dans un média tunisien, Khalifa Chibani, colonel et expert en sécurité, a souligné que les derniers incendies coïncident avec des tiraillements politiques entre des parties différentes, écartant l'hypothèse selon ces incendies sont des accidents. Plus directement, il accuse certains partis politiques d’adopter la politique de la terre brûlée.
La situation est telle que le président Kaïs Saied est sorti de son mutisme accusant ouvertement le Front du salut national. «Les incendies qui se sont déclarés dans plusieurs régions du pays ne sont pas spontanés. Même la mer n’a pas été épargnée par la politique de la terre brulée», a déclaré le chef de l'Etat, depuis le siège du ministère de l’Intérieur.
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Saïed a poursuivi en expliquant que ces incendies sont synchrones avec certaines déclarations émises par le Front de salut national», initiative d’Ahmed Nejib Bhebbi composée du mouvement Ennahdha, Qalb Tounes, Al Karama, le mouvement Tounes Al-Irada de Moncef Marzouki et des parlementaires. Autrement dit, les irréductibles opposants au régime de Saïed.
Le président tunisien a par ailleurs menacé les pyromanes en brandissant «l’application de la tolérance zéro quant à ceux qui tentent de saboter le pays et d’affamer les Tunisiens».