Algérie: 2017, année difficile et de la "dernière chance", selon Sellal

Abdelmalek Sellal, Premier ministre algérien.

Abdelmalek Sellal, Premier ministre algérien.. DR

Le 13/11/2016 à 14h34, mis à jour le 13/11/2016 à 15h12

2017 s’annonce difficile. Le premier ministre algérien le reconnaît lui-même. Il appelle à bousculer certains vieux réflexes et plaide pour un endettement extérieur contrôlé. Tout un programme.

La situation économique et sociale en Algérie est très tendue. Le Premier ministre Sellal n’y est pas allé par quatre chemins lors de son allocution devant les walis réunis au Club des Pins lors d’une rencontre Gouvernement-Walis qui s’est déroulé ce samedi 12 novembre. «Notre action pour la mise en œuvre du programme du président de la République et la réalisation du renouveau national sociétal, social et économique peut déranger des habitudes, bousculer des vieux réflexes et contrarier des intérêts», a affirmé le Premier ministre algérien.

Pour Sellal, sur le plan économique, la bataille doit être gagnée d’ici 2019. Et dans ce cadre, 2017 est une année cruciale qui s’annonce «difficile» pour l’économie algérienne. Il avertit que 2017 sera celle de la «dernière chance pour opérer un changement de vision économique privilégiant la culture du travail», reconnaissant ainsi la gravité de la situation économique du pays.

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Et comment y faire face alors que le prix du baril de pétrole n’arrive pas à se redresser et que les ressources financières de l’Etat continuent à se rétrécir. Dans ce cadre, la feuille de route adressée aux Walis est de «promouvoir de nouvelles ressources économiques» pour soutenir les investissements dans les secteurs des industries lourde et légère, l’agriculture et le tourisme. Cela nécessite le changement des «mentalités en matière de gestion locale», soutient Sellal, qui appelle par la même occasion les investisseurs algériens à assumer leur part de responsabilité dans le développement économique du pays. Une manière aussi de continuer de s’entêter à soutenir la règle des 49/51% qui oblige l’investisseur étranger à ne pas détenir plus de 49% du capital d’un projet d’investissement en Algérie. Une règle qui a montré ses limites et qui constitue l’un des principaux obstacles à l’arrivée des investisseurs étrangers en Algérie.

En clair, face à la conjoncture difficile, et pour éviter que le pessimisme l’emporte, Sellal souhaite réunir un minimum de consens entre le gouvernement, les walis et les partenaires économique et sociaux autour de la nouvelle vision économique que les autorités essayent de mettre en place pour sortir le pays de la crise. Il s’agit du nouveau modèle de croissance décidé par le gouvernement dans le but de préserver les équilibres financiers et de diversifier davantage l’économie algérienne pour atténuer la dépendance vis-à-vis du pétrole qui représente 95% des recettes d’exportations du pays et assurer de nouveaux leviers de croissance.

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Si le gouvernement algérien reconnaît que la situation est critique, la seule ouverture, si on peut l’appeler ainsi, concerne le recours à l’endettement extérieur. Du fait de l’aggravation des déficits jumeaux –budgétaire et balance des opérations courantes-, Sellal plaide «pour un endettement extérieur pour sauvegarder la souveraineté de la décision économique nationale». Toutefois, soufflant le chaud et le froid, il explique que le gouvernement ne peut tolérer un niveau d’endettement élevé pour ne pas «compromettre l’avenir des générations futures».

Mais, face à la crise financière aiguë que traverse le pays, le gouvernement algérien a t-il vraiment les marges de manœuvre pour limiter son endettement extérieur? Seul l’évolution du cours du baril de pétrole peut apporter une réponse à cette question.

Reste que pour nombre d’analystes, en reconnaissant la gravité de la crise économique, Sellal prépare en quelque sorte les Algériens à un énième remaniement ministériel,..., au retour du président.

Par Karim Zeidane
Le 13/11/2016 à 14h34, mis à jour le 13/11/2016 à 15h12