Covid-19: l’OMS avait raison, la Tunisie proche de la maîtrise de la propagation sur son sol

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Le 07/05/2020 à 16h55, mis à jour le 07/05/2020 à 17h28

Avec une moyenne de 4 nouveaux cas par jour durant les 4 derniers jours, la Tunisie figure parmi les rares pays du continent à avoir nettement freiné la propagation du Covid-19. Si elle réussit sa première phase de déconfinement, elle pourra servir de modèle à d'autres pays. Explications.

Fin mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait cité la Tunisie parmi les pays les plus proches de la maîtrise de la propagation de la pandémie de coronavirus sur son sol. A cette date, le pays enregistrait une moyenne de 40 nouveaux cas d'infection par jour avec un pic atteint le 25 mars avec 59 cas supplémentaires.

Depuis le 5 avril, le pays s’est engagé dans un trend de contamination fortement baissier et qui s’est même accéléré depuis le 18 avril dernier. Ainsi, entre le 18 avril et le 6 mai, soit 19 jours, la Tunisie n’a enregistré que 180 nouveaux cas d'infection, soit 9,5 cas en moyenne par jour. C’est dire qu’en 19 jours, la Tunisie a enregistré moins de cas que le Maroc lors de la seule journée du mercredi 6 mai (189 nouveaux cas enregistrés ce jour-là dans le Royaume).

C’est dire que la Tunisie est, comme l’avait annoncé l’OMS, proche de la maîtrise de la pandémie. 

Pour rappel, la Tunisie est le second pays du continent africain à avoir enregistré un cas de coronavirus, le 2 mars dernier, après l’Egypte. Les dirigeants tunisiens ont alors rapidement pris une série de mesures pour freiner la propagation de la pandémie de coronavirus.

Entre autres, la fermeture des établissements scolaires, universitaires et des centres de formation, le confinement des voyageurs en provenance des pays touchés par la pandémie, l’instauration d’un couvre-feu nocturne dès le 18 mars, la fermeture des cafés et restaurants, l’interdiction des rassemblements culturels et sportifs, l’interdiction des prières collectives y compris celles du vendredi, la fermeture des frontières aériennes, terrestres et maritimes, etc.

Puis, le 22 mars dernier; le gouvernement a instauré le confinement global de l’ensemble de la population. Une mesure qui a été renouvelée à deux reprises avant que ne soit décidé un déconfinement ciblé et progressif en trois étapes à partir du 4 mai.

Par ailleurs, la Tunisie a renforcé le dépistage. Jusqu’à très récemment, la Tunisie était de loin l’un des pays africains ayant réalisé le plus de tests de dépistage ciblés sur des populations jugées à risque.

Ce sont tous ces facteurs qui, ayant contribué à réduire de manière significative les contagions, ont permis aux autorités d’envisager un déconfinement progressif qui devrait s’effectuer en trois phases successives: du 4 au 24 mai, du 25 mai au 4 juin, et du 5 au 14 juin.

Durant cette première phase de déconfinement, les cafés, restaurants et mosquées restent fermés, alors que les citoyens travaillant dans le secteur libéral, l’artisanat et les autres petits métiers ont repris le travail le lundi 4 mai en respectant certaines conditions: port du masque obligatoire, travail en alternance en fonction des numéros pairs ou impairs de la carte d’identité nationale, respect des règles de distanciation, disponibilité de gels hydroalcooliques, autorisation des autorités, etc.

Grâce aux résultats obtenus, la présidence tunisienne a annoncé qu’elle allait même étudier avec les scientifiques la possibilité de revenir à la vie normale durant la deuxième moitié du mois de ramadan. En clair, la présidence tunisienne souhaite accélérer le processus de déconfinement pour relancer l’économie du pays en quasi-arrêt à cause de la pandémie.

Toutefois, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde. Certains spécialistes préfèrent jouer la prudence en évitant autant que possible la survenance d’une seconde vague de contamination. Il faut, soulignent-ils, surveiller l’impact du déconfinement partiel sur l’évolution de la contagion.

En Algérie, un allègement du confinement et la réouverture des commerces se sont rapidement traduits par une nouvelle flambée des contaminations. Il faudra attendre une quinzaine de jours pour avoir une idée sur l’évolution des contaminations liées au déconfinement partiel.

Ainsi, le ministre de la Santé, Abdellatif Maki, alarmé par l’insouciance des Tunisiens face au risque accru du regain de la circulation virale dans le pays, au lendemain de l’allègement des mesures de confinement, s’est dit inquiet à cause du non-respect du port de masque rendu pourtant obligatoire par les autorités. Le ministre a rappelé que le port du masque permet de réduire de 70% le risque de contamination.

Si la Tunisie arrive à éliminer les nouvelles contaminations dans les jours à venir, elle pourra servir de modèle à d’autres pays, comme le Maroc, qui envisage d’entamer son déconfinement à partir du 18 mai.

La Tunisie a enregistré, depuis le 2 mars, 1.025 cas d'infection, dont 591 guérisons et 43 décès.

Par Moussa Diop
Le 07/05/2020 à 16h55, mis à jour le 07/05/2020 à 17h28