Ils réclament 50 mois d’arriérés de primes: au Cameroun, la grève du personnel soignant bat son plein

Des infirmières camerounaises brandissant des pancartes lors d'un sit-in.

Le 03/06/2023 à 12h11

VidéoLes infirmiers et les aides-soignants sont vent debout contre le gouvernement qu’ils accusent de graves violations du droit du travail et de la sécurité sociale. Ce personnel de santé observe un mouvement de grève depuis le 22 mai tout en assurant le service minimum.

Le personnel de santé de plusieurs établissements de santé publics de la ville de Yaoundé, notamment ceux du Centre des Urgences de Yaoundé (CURY), du Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé (CHU) et de l’hôpital Eugène Jamot de Yaoundé est en grève.

Les infirmiers et les aides-soignants ont entamé une manifestation pacifique à travers des sit-in organisés à l’entrée de chaque structure sanitaire, depuis le 22 mai 2023. Leur objectif: exprimer leur désarroi face à ce qu’ils qualifient de violations de leurs droits et des conditions de travail dans lesquelles ils exercent leur métier.

Conscients de la nécessité de leur travail pour le bien-être des patients, il n’observent leurs rassemblements qu’en matinée, de 7h30 à 12h30. En effet, la plupart de ces travailleurs se disent victimes de graves violations de leurs droits et ont décidé, par la voie de leur syndicat, de porter haut leurs revendications.

Il faut rappeler que sur les 27.000 personnes, entre infirmiers et aides-soignants de la santé publique, 60% travaillent sans contrat ni affiliation à la sécurité sociale, selon l’ONG Nouveaux Droits de l’Homme. Au Cury par exemple, sur près de 260 employés, dont 80% de femmes et âgés entre 28 et 50 ans, environ 80% des manifestants réclament la contractualisation par leur employeur.

D’un autre côté, les employés déclarent qu’ils subissent de mauvais traitements qui se manifestent par leur marginalisation et des agissements discriminatoires. Les grévistes affirment que certains avantages et les primes d’encouragement ne seraient accordés qu’à une catégorie de personnes ne remplissant pas les conditions requises.

L’ONG Nouveaux Droits de l’Homme ajoute que dans les CHU, les manifestants réclament surtout 50 mois d’arriérés de primes, la non prise en compte des avancements d’échelons des années 2019-2022, l’opacité des recettes propres à cet établissement sanitaire et bien d’autres revendications.

Aucune solution n’a encore été trouvée malgré les multiples rencontres avec les pouvoirs publics. Le mouvement de grève se poursuit à Yaoundé en attendant d’autres villes suivent et où le personnel de santé subit les mêmes déboires.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 03/06/2023 à 12h11