Bouhafs, 54 ans, est un militant politique algérien condamné en 2016 à cinq ans de prison dans son pays pour "insulte à l'islam". Il milite aussi au sein du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste classée "terroriste" par les autorités algériennes.
Dans un communiqué commun, plus de quarante ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, ont exprimé leur "indignation devant le dangereux précédent créé par l'Etat tunisien en remettant un réfugié bénéficiant de la protection internationale aux autorités de son pays qui le poursuivent pour ses prises de position politiques".
Les ONG exigent des "clarifications des autorités sur la disparition dans des circonstances mystérieuses du militant politique algérien Slimane Bouhafs".
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"Des témoins ont rapporté que des voitures avec des plaques d'immatriculation inconnues se sont présentées le 25 août à la maison où vit le militant algérien et l'ont emmené vers une destination inconnue."
Citant des médias algériens, les ONG affirment que "Slimane Bouhafs a été livré" par les autorités tunisiennes à l'Algérie, où il sera jugé.
Les autorités tunisiennes et algériennes n'ont pas commenté dans l'immédiat.
D'après les organisations tunisiennes, Slimane Bouhafs a obtenu en septembre 2020 du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) le statut de réfugié.
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"La protection internationale dont bénéficie Slimane Bouhafs exige que les autorités tunisiennes, signataires de la Convention de Genève de 1951 (...) contre la torture, ne doivent pas l'extrader", ajoute le communiqué.
Des médias tunisiens ont fait état d'un possible "échange" entre les autorités tunisiennes et algériennes après l'annonce de l'arrestation en Algérie de Nabil Karoui, chef d'un parti libéral et ex-candidat à la présidentielle de 2019 en Tunisie.
Ils affirment qu'en contrepartie de l'extradition de M. Bouhafs, Alger devrait remettre Nabil Karoui à la Tunisie. Ce dernier est poursuivi depuis 2017 dans le cadre d'une affaire de blanchiment d'argent et fraude fiscale.
Pour les ONG, "l'établissement de relations amicales avec un pays ami ne doit pas se faire au détriment du respect des obligations internationales qui protègent les réfugiés et les demandeurs d'asile".