Algérie: 2017 année d’incertitudes et d’inquiétudes

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Le 02/01/2017 à 18h13, mis à jour le 02/01/2017 à 18h25

Les Algériens entament la nouvelle année sous le signe de l’incertitude et de l'’inquiétude. Comme cadeaux de Nouvel An, ils ont eu droit à une cascade de hausses des prix initiées par le gouvernement. Des tensions sociales ne sont pas à écarter.

Kiosque le360 Afrique: Pour les Algériens, 2017 rime avec hausse des prix, augmentation du chômage et incertitudes dans de nombreux domaines. Pour ce qui est de l’inflation, après les hausses de 2016 qui ont touché plusieurs produits et denrées alimentaires (légumes, fruits, viandes, volaillles, etc.), l’inflation devrait connaître une nouvelle tendance haussière consécutive aux dispositions de la loi de finances 2017. Le gouvernement en a décidé ainsi avec l’objectif d’adapter «les dépenses aux ressources financières du pays» dans un environnement marqué par la baisse des recettes pétrolières dans le sillage de la chute des cours du baril de pétrole. Ainsi, selon Tour sur l'Algérie, sans surprise, l’année 2017 commence avec une série d'augmentations des prix. Les produits les plus touchés sont ceux de première nécessité, notamment les produits laitiers».

Ainsi, on comprend que cette politique d’adaptation va peser cruellement dans le budget des ménages. «Si les effets du retournement du marché pétrolier observé depuis fin 2014 n’ont pas lourdement affecté les ménages grâce notamment à l’épargne cumulée depuis l’épisode de la hausse des salaires et si le Fonds de régulation de recettes à permis aux pouvoirs publics de financer le déficit du Trésor public, les conditions s’annoncent difficiles à supporter en 2017», souligne le quotidien algérien Al Watan. Selon ce dernier, «cela veut dire que si en 2016 ce sont les caisses de l’Etat qui ont été affectées, cette année ce seront les poches des salariés qui vont se vider».

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Etant incapable de continuer à acheter la paix sociale à cause d’une cagnotte de réserves du Fonds de régulation de recettes qui s’est tari, le gouvernement a opté pour la baisse des subventions sur les hydrocarbures et certains produits de première nécessité et la hausse des taxes. Ainsi, selon l'APS, la hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP) et la TVA va impacter directement et indirectement les portefeuilles des ménages sachant que ces taxes vont générer plus de 42 milliards de dinars algériens de recettes au profit de l’Etat et des collectivités locales. 42 milliards qui seront, en définitif, prélevés des revenus des pauvres ménages. 

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Aux taxes multiples, s’ajoute la perte de valeur du dinar algérien par rapport aux devises (dollar, euro, etc.) qui renchérit le coût des importations et donc des prix des produits importés sachant que l’Algérie importe la majeure partie de ses produits consommés. C’est dire que l’inflation qui a dépassé les 5% en 2016 risque de connaître une nouvelle flambée.

Une situation qui va impacter négativement l’épargne des ménages et ce, d’autant que le taux de chômage risque de croître à cause de la réforme de la retraite qui allonge l’âge de départ à la retraite. D’ailleurs, pour de nombreux observateurs, le chômage constitue une bombe à retardement pour l’Algérie. Le ralentissement de l’économie et la réforme de la retraite vont réduire les recrutements et aggraver le nombre de chômeurs au moment où le pays a besoin de créer près d’un million d’emplois par an pour stabiliser et résorber le taux de chômage.

De fait, des tensions sociales ne sont pas à écarter. D’ailleurs, la contestation a commencé à Béjaïa avec des affrontements entre policiers et manifestants opposés aux mesures de la loi de finances 2017.

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Autant d’incertitudes qui vont peser sur les décisions d’investissement des opérateurs économiques. Des incertitudes auxquelles le nouveau modèle de croissance économique que le gouvernement compte enclencher en 2017 devrait apporter des réponses en permettant, entre autres: «de consolider l’économie nationale, promouvoir l’investissement, renforcer la production industrielle et agricole». Des chantiers, au même titre que celui de la réduction des importations, qui tardent à produire des effets.

In fine, et face à cette situation, le pays veut compter, selon El Watan, sur le «patriotisme économique» des opérateurs économiques appelés aussi à être «plus efficaces et plus agressifs en matière de commerce extérieur». Tout un programme pour des acteurs habitués à des situations de rente et de soutien de l’Etat.

Par Karim Zeidane
Le 02/01/2017 à 18h13, mis à jour le 02/01/2017 à 18h25