Algérie: comment un ancien ministre du Commerce pourfend la politique économique

Amara Benyounès, ancien ministre, Secrétaire général du MPA.

Amara Benyounès, ancien ministre, Secrétaire général du MPA. . DR

Le 05/05/2018 à 20h28, mis à jour le 06/05/2018 à 14h10

Amara Benyounès, secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), et ancien ministre du Commerce, a sévèrement critiqué certains fondements de la politique économique du gouvernement Ouyahia. Il appelle à sortir de la politique de «souk el fellah» qui ne bénéficie pas aux citoyens.

L’ouverture du conseil national du Mouvement populaire algérien (MPA) a été l’occasion pour son secrétaire général Amara Benyounès d’asséner des critiques sévères à l’encontre du gouvernement Ahmed Ouyahia, le Premier ministre en exercice.

L’ancien ministre du Commerce n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dire des vérités crues à l’encontre de la politique économique du gouvernement au moment où celui-ci se targue de souligner d’avoir réduit fortement le déficit commercial.

Seulement, pour Benyounès, la manière utilisée est un trompe-l’œil. Et il donne les exemples de l'industrie de montage automobile et des restrictions aux importations.

Au niveau du secteur automobile, Amara Benyounès a sévèrement critiqué les usines de montages des véhicules. Il rejoint ainsi de nombreux observateurs qui soulignent que l’industrie automobile algérienne, telle que conçue actuellement n’apporte aucune valeur ajoutée locale en ce sens que l’intégration à l’économie locale est quasi nulle. Certaines unités ne montant que les roues ironisant ainsi sur le fait que certaines unités ne sont que des «hangars à gonfler les pneus».

En plus, explique t-il, ces unités au lieu de créer des emplois, ont été à l’origine de nombreux licenciement avec la fermeture de nombreux concessionnaires automobiles et la réduction des effectifs chez les rescapés.

En outre, malgré la protection de l’Etat, les unités industrielles n’arrivent pas à réduire de manière significative la facture des importations automobiles en ce sens que les voitures importées en kits et les pièces détachés se situent actuellement à des niveaux particulièrement élevés du fait que les industriels du secteur se livrent à des importations déguisées de véhicules.

Enfin, l’aberration de cette politique industrielle s’explique, selon Benyounès, par el fait la voiture montée localement coûte beaucoup plus chère, malgré les avantages fiscaux de l’Etat. Ainsi, avance t-il, alors que la voiture importée coûtait 14.000 dollars, celle montée en Algérie vaut actuellement 18.000 dollars!

Dans le même sens, il a aussi critiqué sévèrement la politique commerciale consistant à limiter et à interdire les importations de nombreux produits. Pour lui, ces restrictions se font au détriment du citoyen algérien appelé à payer plus cher les produits.

Pour lui, la protection du marché local n’est valable que quand certaines conditions sont remplies par la production locale: disponibilité du produit, qualité du produit et prix acceptable. Or, a t-il expliqué, le problème fondamental de l’Algérie est celui de la production des biens en quantité suffisante, notamment au niveau des produits alimentaires. Partant, il a appelé le gouvernement à sortir de la «mentalité de souk el fellah».

Par Karim Zeidane
Le 05/05/2018 à 20h28, mis à jour le 06/05/2018 à 14h10