Algérie: échec de la politique de réduction des importations de produits alimentaires

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Le 31/05/2018 à 15h29, mis à jour le 31/05/2018 à 15h51

Malgré la politique de restrictions, la facture des importations de produits alimentaires ne baisse pas. En 4 mois, elle a même accusé une hausse de 5% pour s'établir à 3,15 milliards de dollars. Les détails.

Le gouvernement a beau interdire l'accès de son territoire à un millier de produits étrangers, la facture des importations des produits alimentaires ne baisse pas. Au contraire, au titre des 4 premiers mois de l’année en cours, et comparativement à la même période de l’année dernière, cette facture a même affiché une hausse de 5% à 3,15 milliards de dollars, selon les données des Douanes algériennes.

Dans le détail, les principaux produits importés, à l’origine du gonflement de la facture, sont essentiellement les céréales, laits, sucres & sucreries, café & thé, légumes secs et viandes. Les importations pour ces 6 catégories de produits ont généré une facture de 2,33 milliards de dollars en 4 mois. Les céréales, semoules et farines ont généré une facture de 1,17 milliard de dollars en 4 mois, un montant en hausse de 16% par rapport à la même période de l’année dernière. Loin derrière suivent les produits laitiers avec un montant de 557 millions de dollars en légère augmentation de 0,9%. Quant à la facture du sucre, elle a baissé de 17% à 299,6 millions de dollars.

La hausse de la facture des importations intervient au moment où tout le monde s’attendait à sa contraction. En effet, dans le cadre de la Loi de finances 2018, le gouvernement avait introduit une mesure qui interdisait les importations d’un millier de produits dont de nombreux produits alimentaires, une augmentation sensible de la Taxe intérieure de consommation (TIC) à 30% touchant de nombreux produits alimentaires (saumon, fruits secs, épices, sucreries, confiserie, préparations à base d’extraits et d’essence, etc.) et une hausse des droits de douane pour de nombreux autres produits (graines de tournesol, confiture, compléments alimentaires, sodas, eaux minérales et boissons, etc.) dans le but de réduire le déficit commercial qui est encore important, en dépit des mesures prises par le gouvernement et qui affecte négativement les réserves de change du pays.

En 2017, le déficit de la balance commerciale s’est établi à 14,32 milliards de dollars et celui de la balance des paiements à 21,76 milliards de dollars, contribuant à la baisse des réserves de change au-dessous de la barre des 100 milliards de dollars à 97 milliards de dollars.

Cette évolution de la facture des importations illustre bien l’échec de cette politique commerciale algérienne dont l’unique objectif est de réduire la facture des importations sans apporter de solutions à l'approvisionnement du marché local. Or, une telle politique ne peut réussir qu’avec le développement d’une production nationale en quantité suffisante et à même de se substituer aux importations. Ce qui est encore loin d’être le cas. Conséquence, cette politique se traduit uniquement par une baisse de l’offre et un renchérissement des prix des produits alimentaires.

Par Karim Zeidane
Le 31/05/2018 à 15h29, mis à jour le 31/05/2018 à 15h51