L’échec de la politique d’interdiction des importations de plus d’un millier de produits a fini par pousser le gouvernement algérien à revoir sa copie. C’est ce qu’on peut noter de la dernière sortie du ministre du Commerce, Saïd Djellab, qui a expliqué que le gouvernement reviendra sur l’interdiction d’importation d’un certain nombre de produits, interdiction en vigueur depuis quelques années.
Pour justifier cette politique de restriction des importations, le gouvernement algérien avait parlé, dans un premier temps, de la nécessité de protéger l’industrie locale, d’encourager la diversification de l’économie algérienne et de réduire la facture des importations. Sur ces trois points, cette politique a été un échec total.
Bien au contraire, en effet, cette politique protectionniste a surtout permis de conforter certains rentiers et proches du pouvoir dans leurs acquis. Ainsi, dans le secteur automobile, plusieurs unités de montages automobiles ont été installées en Algérie même, mais celles-ci n’ont pas produit de valeur ajoutée, en ce sens qu’elles se contentent de n'effectuer que le montage de kits automobiles. D’ailleurs, les prix de vente des véhicules «Made in Algeria» sont supérieur à ceux de véhicules importés, qui restent de surcroît de meilleure qualité.
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Le gouvernement algérien a ainsi de lui-même reconnu que cette politique a globalement été un échec. A titre d’illustration, les importations de kits automobiles ont atteint 1,32 milliards de dollars à la fin du semestre, contre 706 millions de dollars à la même période de l’année dernière. Ainsi, les importations ont été remplacées par une sorte de « production locale déguisée».
Concernant la facture des importations, celle-ci n’a enregistré que de baisses insignifiantes. A titre d’exemple, les interdictions d’importations de voitures ont été remplacées par des importations de kits automobiles montés en Algérie, sans la moindre valeur ajoutée. Celles-ci, d’ailleurs, s’expliquent plus par le gel de nombreux projets qui auraient dû entrainer des importations de biens d’équipement et de produits finis.
Pour ce qui est de la diversification de l’économie algérienne, elle n’a pas connu de réelle évolution au cours de ces dernières années. L’économie du pays, on le sait, repose essentiellement sur la production d'hydrocarbures, qui composent 95% des exportations du pays.
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Le déficit de la balance commerciale en Algérie est surtout dû à la hausse des exportations en valeur consécutive à la hausse du cours du baril de pétrole. En revanche, la facture des importations n’a pas connu de baisses significatives depuis la mise en place de cette politique protectionniste. En 2017, la facture des importations a baissé de moins d’un milliard de dollars pour s’établir à 46 milliards de dollars. Pour les 6 premiers mois de 2018, la baisse a été de 2% seulement, s'établissant à 22,8 milliards de dollars.
Au delà de l’échec de cette politique, ce nouveau virage des autorités algériennes s’explique aussi par les pressions exercés par les partenaires économiques du pays –Union Européenne, Etats-Unis, Turquie, etc.- qui ne cessent de critiquer ces restrictions contraires aux accords commerciaux signés.
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Le gouvernement algérien compte ainsi remplacer les barrières douanières établies et réduire les taxes supplémentaires de 30 à 200% qui visaient à protéger l’industrie locale. C'est du moins ce qu'a expliqué le ministre algérien du Commerce.
Rappelons que ces interdictions d’importation se sont surtout traduites par des pénuries locales de nombreux produits, notamment les produits alimentaires, pharmaceutiques et des matières premières vitales pour certaines industries algériennes, ce qui a entrainé les fortes critiques d’opérateurs économiques algériens de premier plan. Conséquences de ces mesures protectionnistes: les prix des produits interdits d’importations, fabriqués localement, ont affiché des augmentations significatives - ce qui a fortement contribué à l’inflation que connaît le pays.