L'affaire fait grand bruit et révèle l'absence flagrante de qualité dans ce matériau de construction, pourtant primordial pour assurer la sécurité des immeubles et des édifices en Algérie. En effet, un important client italien, destinataire d'une commande de 30.000 tonnes de brames d'acier, a tout bonnement refusé de réceptionner la première tranche qui lui a été livrée.
Actuellement, au port d'Annaba, l'Astoria, un navire battant pavillon italien est amarré à quai en attendant de décharger 15.000 tonnes d'acier non conformes que lui avait envoyées le siderrurgiste algérien Sider El Hadjar.
Le probème, c'est que la société algérienne n'avait pas prévu cet échec et avait également produit la deuxième tranche convenue avec son commanditaire italien, à raison de 15.000 tonnes.
Sider El Hadjar se retourve, en conséquence, avec un stock bien trop important pour tenir dans ses hangars...
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Ainsi, le bateau qui est arrivé le 26 novembre dernier à Annaba n'est toujours pas déchargé. Sider El Hadjar cherche fébruilement des solutions à cet épineux problème.
Sa dernière trouvaille a été de transformer ces brames non conformes en bobines. Et Sider El Hadjar fait actuellement courir la rumeur qu'il s'agit d'une proposition du client italien qui aurait ainsi décidé de réimporter dans son pays la marchandise défectueuse, une fois transformée en acier...
Mais cette version pose la question de savoir comment un client, qui a bel et bien catégoriquement refusé de réceptionner une matière première défectueuse, va accepter cette fois-ci produit fini qui en est issu...
En réalité, il s'agit juste d'une manoeuvre de diversion de la direction de Sider El Hadjar, pense une source qui a requis l'anonymat, et qui est proche de cette société. Cette source, qui s'est livrée au quotidien El Watan, révèle également que cette marchandise serait plutôt destinée à être transformée en ferraille.
En effet, déclarés également non conformes, près de 15. 000 autres tonnes de brames en acier sont actuellement transférés, sur ordre de la direction générale, à l’entreprise de récupération Fersid et à l’atelier de l’aciérie à oxygène n°1 à l’effet d’être découpées et transformées en rebut", affirme le quotidien El Watan, citant sa source anonyme.
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Quoi qu'il en soit, cette histoire embarrasse beaucoup les opérateurs économiques algériens, de même que les autorités. Car elle dénote d'un certain amateurisme à tous les niveaux.
L'entreprise Sider El Hadjar est bien entendu la première critiquable, mais le gouvernement s'est également montré incapable de contrôler l'application des normes pour un produit aussi stratégique que l'acier.
Ce défaut de qualité peut, en effet, être à l'origine de conséquences catastrophiques si les produits sont utilisés dans la construction d'immeubles ou d'infractructures. Par ailleurs, il s'agit d'un sacré coup dur pour l'Algérie, qui cherche en vain à diversifier ses exportations, alors que 95% de celles-ci sont constituées d'hydrocarbures...