Algérie. Phosphates: le mégaprojet qui devait "concurrencer le Maroc" multiplie les échecs

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Le 23/05/2019 à 16h04, mis à jour le 23/05/2019 à 16h07

Annoncé pour être le projet du siècle dans le domaine des fertilisants en Algérie, le Pôle phosphatier Est en train d’être enterré. En effet, ce méga-projet de valorisation des phosphates dans l’est du pays accumule les échecs.

Alors que le quai phosphatier d’Annaba na pas pu être construit comme prévu, il y a une semaine c’est à l’usine de dessalement de l’eau de mer de Guerbès de subir le même revers.

Aucune entreprise n’est intéressée par sa construction au point que l’appel d’offres lancé dans ce sens a été déclaré infructueux le 16 mai dernier par l’Algerian Energy Co (AEC).

Les autorités algériennes espéraient non seulement la voir alimenter l’usine de production d’engrais, mais également les habitants de plusieurs communes dans cette zone du pays.

Les raisons de cet échec sont multiples, mais le contexte politique y est pour beaucoup. En effet, l’un des principaux défenseurs de ce projet n’était autre que l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, emporté par la révolution en cours.

De plus, à la dernière minute, l’AEC avait introduit un léger changer dans le processus d’attribution du marché, puisqu’elle avait désigné la compagnie chinoise Cetic dans le comité de consultation restreinte. Cetic est en effet, avec Wingfu, l’une des deux compagnies chinoises devant développer le complexe phosphatier qui devait être le client principal de l’usine de dessalement d’eau.

Or Cetic, selon la feuille d’information Maghreb confidentiel, a été introduite sur le Pôle phosphatier Est par les frères Kouninef, les mêmes Reda, Karim et Tarik qui sont en prison depuis un mois déjà. Dans ce contexte, Cetic se montre réticent à signer de gros contrats.

Ce nouvel échec aura un écho aussi retentissant qu’était grande la promesse de ce complexe.

En effet, il s’agissait à l’origine d’un investissement de 10 milliards de dollars. Il aurait dû faire passer, à l’horizon 2020, la production algérienne de 1,5 à quelque 10 millions de tonnes, soit 6 fois plus qu’actuellement.

Enfin, il faisait caresser à l’Algérie le doux rêve de concurrencer le Maroc sur le marché international des phosphates, en exportant jusqu’à 3 millions de tonnes d’engrais.

C'est aussi un projet qui devait fournir des milliers d'emplois à une zone oubliée par l'administration centrale dans la distribution de la manne pétrolière. Autant de projections ratées. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/05/2019 à 16h04, mis à jour le 23/05/2019 à 16h07