La crise que traverse les entreprises du BTPH en Algérie, qui s'est davantage aggravée, préoccupe Mouloud Kheloufi, président de l’Association générale des entreprises algériennes (AGEA).
Hier, samedi 7 mars, ce président d'une des confédérations patronales du pays dont les déclarations ont été reprises par algérie-éco, a expliqué toute ampleur de la situation dramatique dans laquelle se retrouve les entreprises et les travailleurs du BTPH en Algérie, et a souligné que 20.000 entreprises de ce secteur d'activité se sont retrouvés à l’arrêt technique. Certaines ont même carrément été contrainte de déclarer faillite, à cause de la baisse significative de leur activité.
La conséquence de l'arrêt de l'activité de ces entreprises sur l’emploi est catastrophique, et selon le président de l’AGEA, ce sont aujourd'hui entre 150.000 et 200.000 salariés, actuellement au chômage technique, dont l'emploi est menacé.
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Les entreprises du BTPH en Algérie souffrent de plusieurs problèmes. En premier lieu, des créances impayées aux montants très importants.
La situation financière déficitaire de l’Etat ne lui permet pas d'honorer ses créances.
De plus, certaines importantes entreprises du BTPH en Algérie, dont les capitaux appartiennent à des oligarques actuellement emprisonnés, traversent actuellement une profonde crise.
Celles-ci ne bénéficient plus de marchés de l'Etat et de crédits bancaires pour pouvoir continuer à fonctionner.
De plus, le BTPH pâtit d’un déficit des commandes de l'Etat, consécutif au gel de nombreux projets, tout particulièrement dans la construction immobilière, l’une des activités les plus génératrices de croissance économique et de création d’emplois.
La fabrication des matériaux de construction accuse ainsi une baisse de production comprise entre 70 et 80% à cause des nombreuses mises à l'arrêt d' importants chantiers.
De leur côté, les très petites entreprises du BTPH, qui gravitent autour de ces grandes entreprises, sont celles qui souffrent le plus de cette crise. Nombre d’entres elles ont déjà mis la clé sous la porte, avec pour conséquence directe des milliers de personnes au chômage.
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Ce n'est pas tout: cette situation risque de se corser davantage, à cause de l’épidémie de coronavirus covid-19, qui a contribué à accélérer la chute du cours du baril de pétrole, lequel représente plus de 95% des recettes d’exportation et plus de 60% des recettes budgétaires de l’Algérie.
L’Etat serait en conséquence contraint d'accentuer la politique déjà mise en oeuvre du gel des programmes de constructions infrastructurelles et du bâtiment.
Déjà, à la fin 2019, le gouvernement avait annoncé que sa priorité était «de parachever les projets en cours de réalisation, sans prévoir l’inscription de nouveaux projets».
Le gouvernement algérien avait alors annoncé que les projets de construction d'infrastructures de base et ceux pour de nouveaux logements ne bénéficieront pas de nouvelles enveloppes budgétaires.
La crise que traverse le secteur du BTPH risque donc de s'aggraver encore et d'entraîner de nombreuses entreprises vers la faillite.
Afin d'atténuer les effets de cette crise qui met en difficulté les entreprises du BTPH en Algérie, Mouloud Kheloufi, président de l’Association générale des entreprises algériennes a émis une série de recommandations au Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, et a sollicité une loi d'amnistie générale concernant l'obligation de reverser des charges sociales, fiscale et parafiscales à l'Etat pour l'ensemble des entreprises du secteur.
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Parmi ses recommandations, il y a aussi l’octroi par l'Etat algérien d’assiettes foncières aux promoteurs immobiliers, afin que ceux-ci puissent réduire leur dépendance vis-à-vis des commandes de l'Etat, en construisant eux-mêmes des logements pour la vente et/ou la location.
Mais la crise financière que traverse l’Algérie laisse peu de marge de manoeuvre aux autorités, d’autant qu'elle concerne désormais presque l'ensemble des secteurs d’activité de l'économie algérienne.
L'industrie de l'électroménager, de l’électronique et de l’automobile se retrouvent également dans une impasse, à cause des différentes politiques industrielles des différents gouvernements qui se sont succédés dans le pays au cours de ces dernières années.
De nombreuses entreprises de ces secteurs se retrouvent elles aussi à l’arrêt et sans visibilité à court et moyen terme.