L'Algérie vient de rendre publiques ses statistiques des échanges extérieurs du premier trimestre 2020 et le moins que l'on puisse dire est que la situation s'avère des plus délicates. C'est du moins ce qui ressort des chiffres que vient de publier la direction des douanes algériennes, ce dimanche 7 juin.
En effet, les exportations qui étaient de 10,14 milliards de dollars pour la période allant de début janvier à fin mars 2019 ne sont plus que de 7,62 milliards de dollars pour la même période en 2020, reculant de plus de 24% ou de 2,5 milliards de dollars. Cette forte baisse est à l'origine d'une aggravation du déficit de la balance commerciale malgré les efforts pour réduire les importations.
Aussi, de 1,19 milliard de déficits au premier trimestre 2019, le solde commercial est-il passé à 1,5 milliard de dollars, soit 310 millions de dollars de plus, correspondant à une hausse de 26,2%.
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En effet, sur cette période, il a été très difficile de contenir les importations, malgré les déclarations de bonnes intentions du gouvernement. Elles sont ainsi passées de 11,33 à 9,12 milliards de dollars, marquant un recul de 19,5%.
Cette situation est d'autant plus inquiétante que sur les deux premiers mois de l'année, les cours des hydrocarbures étaient encore à un niveau supérieur à 50 dollars. La dégringolade n'a été réellement enregistrée qu'à partir de mars et donc, n'aura duré qu'un mois. Logiquement, l'impact n'aurait pas dû atteindre ce niveau, si les ventes de pétrole et de gaz étaient bien étalées sur cette période.
Il convient de rappeler que les hydrocarbures continuent de représenter plus de 92% des exportations du pays au premier trimestre 2020, de sorte que la chute des cours a toujours un très sérieux impact sur la balance commerciale du pays. Le pays n'aura enregistré que 7,04 milliards de dollars pour ses exportations de gaz et de pétrole contre 9,48 milliards sur la même période.
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Aujourd'hui, avec de tels revenus alors que les cours étaient à un niveau plutôt correct jusqu'à début mars, on s'interroge sur le niveau des recettes durant le deuxième trimestre. En effet, non seulement le volume des exportions devrait baisser, mais surtout les cours des hydrocarbures sont restés entre 19 et 42 dollars, depuis le début du mois d'avril.
Conscient des difficultés qui vont découler de cette situation, le gouvernement algérien envisageait de réduire de 50% les dépenses de son budget de fonctionnement, mais pour l'heure les charges du Trésor public semblent incompressibles, tant les salaires et les dépenses dites sociales y occupent une part prépondérante. La conséquence directe de ce déficit est évidemment l'épuisement rapide des réserves de change qui devraient passer de 62 milliards fin décembre 2019 à moins de 40 milliards de dollars en décembre 2020.