L'Algérienne des eaux incapable de payer la facture d'électricité de ses 11 stations de dessalement

Beni Saf, l'une des 11 stations de dessalement en Algérie.

Beni Saf, l'une des 11 stations de dessalement en Algérie. . DR

Le 12/08/2020 à 18h32, mis à jour le 13/08/2020 à 14h22

Revue de presseEntre 2007 et 2014, quand l'argent coulait à flots, le gouvernement algérien avait misé sur les stations de dessalement d'eau de mer pour alimenter plus 27 millions d'habitants. Aujourd'hui que l'argent vient à manquer, l'Algérienne des eaux traîne une lourde ardoise chez la Sonelgaz.

Quand, le jour de l'Aïd el-Kébir, plusieurs communes d'Alger se sont retrouvées sans eau, les autorités ont préféré parler de complot et le président Abdelmadjid Tebboune est allé jusqu'à commanditer une enquête. C'était bien tenté, mais les dernières informations publiées par la presse locale prouvent le contraire.

Selon le site d'information en ligne Algérie Part, "l'Algérienne des eaux est incapable de payer ses factures d'électricité". Cette société qui produit l'eau potable, avant que les concessionnaires ne la distribuent dans les foyers, est prise à la gorge par la crise financière sans précédent que traverse le pays. Désomais, elle traîne une ardoise de 13 milliards de dinars, soit 83 millions d'euros auprès de la Sonelgaz la société qui a en charge la production de l’électricité.

Certes, compte tenu du caractère vital et stratégique du précieux liquide, la Sonelgaz n'en est pas venue à lui couper l’alimentation. Mais cette situation témoigne d'une évidente tension de trésorerie, qui met l'Algérienne des eaux dans l'incapacité d'assurer son bon fonctionnement.

Les autorités algériennes n'avaient pas vu venir la crise financière, quand entre 2007 et 2014, les caisses de l'Etat débordaient d'argent. Elles ont alors choisi la solution la plus onéreuse pour approvisionner les 40 millions d'Algériens en eau potable: le dessalement d'au de mer.

C'est en effet en ce moment précis, qu'elles ont pris le parti d'installer plusieurs stations, 11 au total en l'espace de quelques années. Elles en voulaient d'ailleurs 14, mais leur élan a été freiné par la chute des cours du pétrole à partir de 2014. Du coup, les trois autres dont la construction avait démarré n'ont jamais été finalisées.

L'investissement coûte cher, et la production est peu compétitive. Rien que l'extension de la station de Beni Saf demande la rondelette somme de 3 millions de dollars.

Le mètre cube d'eau potable tiré de l’eau de mer coûte entre 0,65 et 1,8 euro à la sortie des usines, alors que la collecte et le traitement d'un volume équivalent d'eau douce sont beaucoup plus faibles.

Si l'Algérie avait privilégié la solution la moins coûteuse, en puisant l'eau de ses barrages dont elle ne manque pourtant pas, elle ne serait pas dans cette situation de difficulté financière de sa compagnie des eaux.

En tout cas, depuis le début de l'été, des communes entières sont privées d'eau courante. Elles en sont à s'alimenter avec des camions-citernes, que le gouvernement veut bien mettre à leur disposition, et les populations doivent naturellement sortir pour s'alimenter à la borne-fontaine comme cela se fait encore dans quelques rares pays africains.

Par Djamel Boutebour
Le 12/08/2020 à 18h32, mis à jour le 13/08/2020 à 14h22