L'algérienne Sonatrach sauve son mariage avec l'espagnol Naturgy

Le président de Sonatrach, Toufik Hakkar et le président de Naturgy, Francisco Reynés.

Le président de Sonatrach, Toufik Hakkar et le président de Naturgy, Francisco Reynés.. DR

Le 09/10/2020 à 17h45, mis à jour le 09/10/2020 à 17h48

Revue de presseLa société algérienne Sonatrach ne voulait pas accepter les conditions de son partenaire espagnol Naturgy. Mais pour sauver leur alliance, elle a dû faire des concessions.

Petite éclaircie dans le ciel de la Sonatrach, après la période de temps maussade que la compagnie pétrolière algérienne a traversée. En effet, elle a signé hier un accord avec la société espagnole Naturgy portant sur la révision des conditions des contrats de fourniture de gaz, selon le quotidien espagnol La Vanguardia

Mais visiblement, l'Algérienne a été contrainte d'accepter ce qu'elle refusait depuis plusieurs mois pour sauver son mariage avec l'espagnol Naturgy qui lui avait trouvé des rivales américaines beaucoup plus amènes.

Ainsi, les avenants aux trois contrats qui lient les deux parties comprennent une réduction de prix, une plus grande flexibilité dans les engagements d'achats et une prolongation de la durée de ceux-ci. Autant de points qui sont à l'avantage de l'Espagnol.

Ce nouvel accord a été signé dans le cadre de la visite officielle de Pedro Sánchez, le président du gouvernement espagnol, en Algérie. Ce dernier a d'ailleurs été le premier à saluer cette victoire espagnole. "Le moment est venu de collaborer pour relever le défi qui nous attend, non seulement pour le présent, mais pour l'avenir que nous voulons continuer à partager", a-t-il déclaré après avoir rencontré le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad.

"L'Algérie est un marché prioritaire pour l'Espagne", a souligné Sánchez. Et jusqu'en décembre dernier près de 60% du gaz arrivant en Espagne provenait d'Algérie. Mais, comme la Sonatrach faisait la fine bouche en refusant les demandes incessantes des Espagnols pour l'alignement des prix sur les tarifs internationaux, ces derniers se sont tournés vers leurs nouveaux fournisseurs américains. Ainsi, ils pouvaient acheter jusqu'à 40% moins cher, par rapport aux prix stipulés dans les contrats avec la Sonatrach. Du coup, les Etats-Unis ont supplanté l'Algérie dans l'approvisionnement en gaz durant les quatre premiers mois de l'année 2020.

Pour l'heure, ni les Espagnols ni leurs partenaires algériens n'ont voulu révéler les nouveaux tarifs, mais ils ne doivent pas être loin de ceux des Américains. Le patron de Naturgy ayant affirmé que les nouveaux prix étaient pour le plus grand intérêt des consommateurs espagnols, il est probable que la Sonatrach a consenti à une forte baisse.

"Pour tout consommateur, les implications sont doubles: d'une part, la garantie d'un approvisionnement et d'autre part son caractère compétitif et cela signifie donc continuer à miser sur cette source d'approvisionnement dans les meilleures conditions. Et nous ne devons pas oublier que cela profite non seulement au ménage, mais également à l'industriel. Avoir un gaz compétitif rend l'industrie plus compétitive", a déclaré le président de Naturgy, Francisco Reynés.

Avec cet accord, Naturgy a déjà sécurisé environ 50% de ses approvisionnements en gaz (environ 100 TWh/an) et espère conclure de nouveaux accords avant la fin de l'année. Mais pour les Espagnols, la renégociation ne vise qu'une seule chose: tirer les prix vers le bas dans un contexte de diminution de la consommation de gaz et où les tarifs sur les marchés internationaux sont en forte baisse.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 09/10/2020 à 17h45, mis à jour le 09/10/2020 à 17h48