Vu de la plupart des pays africains, il est difficile de croire que les prix des denrées alimentaires annoncés par l'Office national des statistiques (ONS) sont réels. Pourtant, c'est bien le cas: l'ensemble des prix ont pris l'ascenseur.
Le taux d'inflation est si élevé que certains fruits ne sont plus vendus au kilo, mais à l'unité, comme pour cette banane dans les rayons des supermarchés Ardis. Il faut débourser jusqu'à 180 dinars algériens pour espérer en croquer une, soit quelque 1,36 dollar au cours officiel de la monnaie locale. Quant au Sénégal, le prix d'un kilogramme entier de bananes ne dépasse pas 1,5 dollar et dans le Maghreb, au Maroc voisin, le prix du kilo varie entre 1 dollar pour la banane locale et 1,6 dollar pour celle importée, il y a lieu de s'interroger sur l'ampleur de la crise que traverse l'Algérie.
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La banane n'est en réalité qu'un exemple parmi tant d'autres, puisque tous les produits, y compris ceux qui étaient considérés comme destinés aux pauvres, sont touchés par cette flambée des prix. Ce mercredi 6 janvier, le site d'information Algérie Part s'est intéressé à la sardine qui a toujours été "le poisson du pauvre, comme l’appellent les amateurs de bonne cuisine (et qui) est devenu en Algérie un produit de luxe pratiquement inaccessible aux bourses les plus modestes".
Ainsi, d'après les statistiques de l'ONS, au moins de novembre dernier, pour le kilo de cette précieuse source de protéines et d'Oméga 3, les petites bourses algériennes étaient contraintes de débourser jusqu'à 678,22 dinars, soit quelque 5,13 dollars au cours officiel. En comparaison au dollar que débourse le ménage marocain pour un kilo de sardine ou aux deux dollars que paie la femme sénégalaise pour ce même produit, il y a un écart abyssal.
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Au cours des vingt dernières années, le prix du kilo de sardine à été multiplié par 7,7 alors qu'il n'a pratiquement pas changé au Maroc depuis 2001.
Le lait est également devenu une denrée extrêmement rare comme en témoigne les longues files d'attente pour se procurer une brique du précieux liquide. Sur les réseaux sociaux, les images qui circulent laissent perplexe, tant elles sont irréalistes. On y voit plusieurs dizaines de personnes en file indienne devant une boutique pour se procurer un litre de lait.
Plus grave encore est la pénurie de médicaments vitaux que le pays ne peux plus acheter. Il y a deux semaines, le Syndicat des pharmaciens d'officine tirait la sonnette d'alarme évoquant la disparition sur le marché local de quelque 253 médicaments dont des molécules vitales pour les maladies chroniques.
Il convient de noter que cette hausse généralisée des prix s'explique en bonne partie par la pénurie de devises à laquelle fait face le pays suite à la chute des réserves de changes qui sont passées de près de 200 milliards de dollars à moins de 30 milliards de dollars entre 2014 et fin 2020. C'est en partie ce qui est à l'origine de la dépréciation du dinar qui est passé de près de 100 dinars pour un dollar à 210 dinars pour un dollar au niveau du marché noir.